FENIES Phandarasar
Phandarasar THOUCH FENIES "UNE FAMILLE AU PAYS DE L'ANGKAR" Ed. Tensing
Madame Phandarasar THOUCH FENIES a témoigné contre les khmers rouges et c'est à travers un film documantaire ("Angkar va vous recevoir"), primé dans le monde et projeté à Paris dans le cadre d'Asie-des-livres, ainsi qu'avec son livre publié aux éditions Tensing ("Une famille au pays de l'Angkar"), qu'elle raconte toute l'horreur qu'elle a vécu avec sa famille au Cambodge sous le régime des khmers rouges.
En 1970 le Cambodge connaît la guerre civile, et en 1972 les tirs de roquettes s’intensifient sur la ville de Phnom-Penh. C’est presque avec soulagement que la population voit l’Angkar, le parti révolutionnaire du peuple khmer, prendre le pouvoir, espérant ainsi la fin des souffrances dues à la guerre civile. Mais le 17 avril 1975 les Khmers rouges déportent des centaines de milliers de personnes de Phnom-Penh dans des villages reculés de la campagne cambodgienne. Le monde entier ignorait à l’époque qu’un des plus effroyables génocides du XXe siècle allait se produire au cours duquel plus de deux millions de personnes allaient perdre la vie. (éd. Tensing)
Votre témoignage est un précieux exemple de résilience, ce qui permet aussi de le recevoir, malgré la violence décrite. Ce film et ce livre vous permettent-ils aujourd’hui de vous reconstruire ?
Réponse : Je suis de nature très optimiste, une fois arrivée en France, je n’avais pas eu le temps de penser au passé, il fallait lutter encore pour survivre en France, chercher du travail, faire des cours du soir pour avoir l’équivalence de compétence puis j’ai rencontré mon mari qui était très malade et qui n’avait pas de travail. Faire face encore à de telles situations me faisaient peut-être d’enlever de ma tête cette période horrible. Ma reconstruction est faite une fois arrivée en France en 1979.
Lors de la diffusion du film à Paris, nous avons vécu un moment d’émotion avec un homme dans le public qui s’est présenté à vous, vous ayant connue dans vos épreuves difficiles. Avez-vous pu retrouver d’autres connaissances ?
Réponse : Personnellement de mon côté, non, car c’est la première fois que le film a été diffusé à Paris. Par contre, lorsque le film a été diffusé plusieurs fois aux cinémas de l’île de la Réunion, mon fils Chanthell qui travaille dans l’agence régionale de santé de l’île a pu rencontrer plusieurs familles cambodgiennes qui deviennent leurs amis jusqu’à maintenant.
Comment ce film a-t-il vu le jour ?
Réponse : ce film a vu le jour par un heureux hasard – la sœur du réalisateur du film travaille avec mon fils. Elle s’appelle Marie Hamon. Elle s’occupe d’une association. Elle s’intéresse au Cambodge et veut aider à construire une cantine pour un orphelinat dans la province de Siemreap. Elle m’a demandé les adresses des associations cambodgiennes que je connais pour entrer en contact avec elles. Nos diverses rencontres ont abouti à ce documentaire.
Avez-vous eu des retours sur la diffusion du film dans d’autres pays ?
Réponse : Non, le film a été diffusé seulement dans des festivals. Il a été sélectionné par divers festivals et a gagné deux prix. Le réalisateur n’a pas pu trouver d’autres débouchés ni à la télévision ni dans d’autres cinémas.
Avez-vous pu échanger avec les jeunes générations ?
Réponse : Oui, j’ai fait deux rencontres aux Lycées : 1- le lycée Léonard de Vinci à Ysingeaux – 43200, les élèves et les professeurs sont très touchés et sensibles par l’histoire du Cambodge.
2- Au Lycée privé catholique : Saint Jeanne Elysabeth dans Paris 7ème. Les élèves ont vraiment posé des questions très pertinentes. Mon but, c’est aussi de demander l’autorisation le maximum possible aux différents proviseurs des autres Lycées et collèges pour pouvoir faire d’autres débats et rencontres. Parler de la résilience, de la solidarité et de la valeur de notre république et sensibiliser les élèves à ces valeurs est mon but principal.
Cette histoire du Cambodge est-elle évoquée, discutée parmi les jeunes français issus de l’immigration ?
Réponse : Non – je n’ai vraiment pas eu l’occasion de rencontrer les jeunes français issus de l’immigration.
Votre travail d’écriture a-t-il été très différent de votre témoignage pour le film.
Réponse : Oui – le livre raconte tous les détails rencontrés de ma fuite du Cambodge vers la Thaïlande et aussi la solidarité des gens au cours de mes périples et le Cambodge d’antan.
La bienveillance et l’accueil des cambodgiens marquent tout visiteur qui se rend dans ce pays ; parmi vos souvenirs agréables de ce pays, si vous citer…. Une odeur, un bruit, un goût et une couleur ?
Réponse : je cite un paragraphe de mon livre : « Je vois toujours le Cambodge resplendissant, en plein développement. Phnom Penh avec ses jardins multicolores devant le palais royal, ses avenues bordées de flamboyants, les odeurs parfumées de Pkar Rumdoul, Pkar Champei, PkarMlis, la multitude de couleurs des fleurs, l’abondance des fruits dans les marchés. J’aimerais qu’un peintre talentueux puisse reproduire ces images et immortaliser le paysage paradisiaque de mon pays sur des tableaux comme savaient le faire Monet et Constable en Europe. Le brouhaha permanent des marchands me revient sans cesse en mémoire, tous les marchés du Cambodge étaient vivants, on trouvait de tout, tout se vendait, les gens se parlaient, riaient, parfois se nouaient d’amitié en quelques minutes, sans méfiance. Tout cela se passait très simplement et sainement. Une scène me revient très souvent en mémoire, parmi tous les étalages de toutes sortes de marchandises, il y avait des marchands de nourriture, les ménagères pouvaient s’asseoir, les emplettes près d’elles, se reposer un instant, se restaurer, bavarder un peu avec les voisins d’à côté, rire, plaisanter. Cette ambiance me manque, une vie simple et saine sans complication………………… »
Bagneux, le 14 Septembre 2016.
Les éditions Tensing seront présents lors de la 2ème fête du livre asiatique "asie-des-livres" (mairie du 2ème ardt - Paris) les 05 et 06 novembre 2016. Vous pourrez rencontrer Mme Fenies et, si vous ne pouvez venir, le livre est disponible sur le site de l'éditeur, Amazon ou en commande chez votre libraire.