LEON Christophe
Rencontre avec... Christophe Léon à propos de son roman "J'irai loin, bien loin" Ed. T Magnier, 2017
Christophe Léon, né le à Alger est un auteur et romancier français.
Christophe Léon a publié, outre des romans et essais en littérature générale, plus de 40 romans jeunesse pour les ados et + en l'espace de 11 ans, dont plusieurs traduits à l'étranger, et a été récompensé par de nombreux prix. La protection de l'environnement, les faits de société et les dangers de la mondialisation sont les thèmes qu'il aborde à travers ses livres. Depuis octobre 2015, il est directeur de la collection Rester Vivant aux éditions du Muscadier (source : Wikipédia)
Des migrants sont lâchés à l'aube dans les rues de Calais. Azeru tente d'aider son père Mehran mais, trop faible, ils doivent trouver un refuge. Ce sera une maison inoccupée. C'est le jour où les propriétaires des lieux, une famille parisienne, décide de venir pour les vacances. La rencontre est inévitable mais comment réagir face aux occupants?
1 – Vous êtes un auteur et un directeur de collection engagé. Comment, avec quelles sources abordez-vous, choisissez-vous les sujets d'actualité qui font vos romans et catalogue de la collection "Rester vivant"?
La collection Rester Vivant parle du monde d’aujourd’hui, en abordant sans détour les questions écologiques, sociales et éthiques qui émergent au sein de la société dans laquelle nous évoluons. Ce sont les auteurs qui proposent des textes en rapport avec le sujet de la collection, puisqu'ils savent dès avant de les proposer la ligne éditoriale de celle-ci. Il faut avant tout qu'il y ait une histoire, une fiction qui mette en jeu la problématique choisie par l'auteur.
2 – A propos de "Et j'irai loin, bien loin", les protagonistes sont tous traités au même niveau, à un instant donné : comment s'est construite cette histoire, pourquoi à Calais, pourquoi des afghans?
L'idée de départ est de montrer que nos réactions changent face aux contingences. Une famille française moyenne se retrouve confrontée à un problème qu'elle n'a connu qu'au travers des médias. Devant ces réfugiés, qu'elle sera sa réaction ? À Calais, simplement pour fixer l'histoire dans une région que tous les Français connaissent, et des Afghans parce qu'on parle beaucoup de la Syrie et moins de l'Afghanistan et que je ne voulais pas que le lecteur soit trop influencé par l'actualité récente.
3 – Arezu évoque sa vie à Kaboul : auriez-vous pu imaginer ce récit se déroulant dans ce pays, est-ce possible de traiter en profondeur pour des collégiens les problèmes qui agitent cette région?
Je n'en sais rien. Cette lecture sera peut-être l'occasion de s'informer un peu plus en détail. Je crois que même les adultes sont dans l'incapacité de traiter en profondeur les problèmes qui agitent cette région. Les informations que nous avons sont trop partielles et orientées.
4 – Mehran et sa fille passent en Angleterre : leur avenir est-il vraiment assuré? La fin reste ouverte.
La fin est effectivement ouverte à dessein. Je laisse le lecteur imaginer la suite selon son tempérament. J'avais écrit dans un premier jet une fin beaucoup plus fermée et pessimiste.
5 – Avec les retours des jeunes lecteurs sur vos romans, êtes-vous surpris par leur réaction? Sont-ils bien informés?
Les retours que j'ai sont plutôt positifs quant à l'histoire et à ce que les lecteurs en ont compris. Pour ce qui est d'être informés, lors des rencontres scolaires, les professeurs ont fait en amont une sensibilisation, mais l'information reste en surface, ce qui est plutôt normal. La télé, les médias, eux, apportent souvent des informations erronées ou partielles, il faut de temps en temps les déconstruire...
6 – Les jeunes lecteurs sont maintenant abreuvés d'images, d'infos : pensez-vous qu'ils arrivent à bien hiérarchiser et identifier toutes ces infos d'actualité? Le roman est-il complémentaire ou un réel apport?
Le roman, du moins celui-ci, est, vous avez raison, complémentaire aux infos d’actualités, dans la mesure où il resitue une réalité dans un contexte proche du lecteur. On peut s’y intéresser pour l’histoire seule ou chercher un peu plus loin. Quant à la hiérarchie des informations, non, impossible pour les lecteurs, adultes ou jeunes, de faire le tri. Tout nous est livré quasiment sur le même plan. Il faut une sacré éducation à l’image pour la décrypter.
7 – Les pays asiatiques connaissent tous les problèmes qui font l'actualité pourtant peu de romans abordent le racisme, la dictature, l'écologie, les migrants... dans ces pays dont certains ne sont jamais évoqués. Un manque d'information?
Je ne sais pas. Il me semble qu’aujourd’hui pas mal d’auteurs s’intéressent à ces sujets et écrivent des romans à « thème ». Je pense aussi que certains éditeurs peuvent être réticents à publier des romans « engagés ». Les informations, nous les avons un peu partout, mais il faut aller les dénicher, la télé ne suffit pas. Je crois que l’outil Internet est un bon moyen de s’informer (et/ou de se désinformer), mais il faut savoir s’en servir, décrypter et prendre le temps d’analyser. Ce n’est pas l’information qui manque à travers tous les médias, mais l’intérêt de chacun à aller la chercher et à ne pas se contenter de l’info prémâchée.
8- L'édition pour la jeunesse publiait dans les années 60-70 de nombreux ouvrages sur la vie des enfants dans d'autres pays, beaucoup moins aujourd'hui : n'est-ce plus vendeur? Quel est votre regard de directeur de collection?
J’ignore ce qui est vendeur ou pas et je ne m’en préoccupe pas trop. Quand un texte est bon, il est bon. L’avantage de diriger une collection dans une « petite » maison d’édition, c’est que cette problématique passe au second plan, même si il faut vendre, . Il faut d’abord se concentrer sur « l’âme » de la collection et je suis convaincu que les ventes suivront
9 – Certains de vos romans sont traduits : avez-vous des retours sur ces titres?
Oui, puisque je vais dans certains pays où ils ont été traduits, notamment en Italie et en Allemagne. Je rencontres des élèves dans les classes et les échanges sont très intéressants et parfois même exceptionnels comme ça m’est arrivé au Liban.
10 – Pouvez-vous nous parler de vos projets?
Pour l’instant, je travaille à un roman adulte à quatre mains. Une expérience nouvelle pour moi (le quatre mains). Le dernier roman adulte que j’ai publié date de 2011. D’autre part, les droits audiovisuels de Et j’irai loin, bien loin viennent d’être achetés par un producteur, et il est question que j’en fasse l’adaptation avec une co-scénariste. D’autres projets sont en perspective, mais dont il m’est difficile de parler pour l’instant.
Bio-bibliographie de Chritophe Léon (Wikipédia) (cliquez ici)