HISTOIRE DE L'ASIE DANS L'EDITION JEUNESSE /3
1990-2... L'ASIE DANS L'EDITION JEUNESSE
3/ ASIE : LES ANNEES 2010
ETATS-UNIS ET COMMUNAUTARISME
Ce choix de société américaine met en lumière les différentes communautés asiatiques. Ainsi nombreux auteurs vont raconter leur propre histoire de migrant comme Hena Khan "Amina" éd. Bayard : bien intégrée socialement, une jeune fille voit sa vie bouleversée par l'arrivée d'un oncle du Pakistan très religieux. D'autres auteurs vont surtout évoquer la vie dans leur pays d'origine : Padma Venkatraman "De l'autre côté du pont" éd. Ecole des loisirs, relate la vie d'enfants intouchables en Inde : si la difficulté de la vie est dépeinte avec réalisme, ce sont des personnages attachants que l'on a envie d'aimer. Kashmira Sheth avec "Garçons sans nom" éd. Ecole des loisirs, dénonce l'exploitation des enfants en Inde dans le huis-clos d'un atelier clandestin où des enfants sont retenus prisonniers. Quant à Vera Hiranandani avec "Le journal de Nisha", elle évoque la scission de l'Inde et du Pakistan. Ainsi, des voix kurdes, indiennes, pakistanaises se font entendre aux Etats-Unis, mais certaines comme Hena Khan écrivent surtout pour leur communauté, promouvant une éducation plus religieuse.
Ces pays asiatuques sont évoqués aussi par des auteurs francophones mais à la différence qu'ils n'en sont pas originaires : certains évoquent le dure vie d'enfants, d'autres sont plus accès sur le roman d'aventures ou historique. Nathalie Wyss, Carl Norac sont amoureux de ces pays et y ont plusieurs fois séjournés. Jean-François Chabas n'y est jamais allé mais la qualité d'écriture rendra les personnages et histoires très réalistes. Christelle Mouchard, historienne, a popularisé les livres sur les aventurières et l'Asie, à la TV via le célèbre "Apostrophes" : non seulement elle se documente sur les pays mais elle se rend longuement sur place pour écrie.
"Le merveilleux" JF Chabas éd. Les Grandes personnes, "Asha" C. Norac éd. Ecole des loisirs "Le roi des rois" Nathalie Wyss, éd. Magnard ; "Devi, bandit aux yeux de filles" C Mouchard éd. Flammarion
Des auteurs écriront suite à leur travail ou études sur les migrants, comme Arnaud Friedmann avec "Le trésoe de Sunthy", à propos des migrants cambodgiens.
Certains auteurs d'origine asiatique, en France, poursuivent un travail personnel bien connu des jeunes lecteurs : Marcelino Truong évoque le Vietnam, tandis que He Zhihong, avec un trait chinois, évoque sa vie de famille, avec son mari Guillaume Olive, auteur de contes chinois.
"A quoi rêves-tu bébé?" He Zhihong éd.Seuil ; "Fleur d'eau" Marcelino Truong éd. Gautier Languereau
Des auteurs américains d'origine asiatique, des francophones amoureux de l'Asie ou chercheurs...Il y a aussi des auteurs qui portent un autre regard par le statut de leur famille : Chiara Mezzalama a vécu à Téhéran où son père était diplômate et ce sont ses souvenirs d'enfant qu'elle évoque avec "Le jardin du dedans-dehors" éd. des éléphants. Les parents de S P Somtow étaient diplômates liés à la famille du Roi de Thaïlande : il décide quant à lui de dénoncer les injustices à travers la vie de deux personnages dans "Les larmes du bouddha de pierre" éd. Gope.
NOUVELLES GENERATIONS
Aux Etats-Unis, ce sont les nouvelles générations qui s'expriment. Ce sont des ados américains bien intégrés dans la société ; communautarisme oblige, ils sont en conflit avec leur famille. Amina (cité plus haut) ne remet pas sa famille en cause, elle essaye de s'adapter à la venue de son oncle du Pakistan : l'auteure met en valeur la communauté pakistanaise et l'éducation musulmane. Avec "Frankly in love" éd. Albin Michel, David Yoon nous plonge dans la communauté coréenne. Les enfants se côtoient non par affinité mais parce qu'ils vivent dans cette communaut : ils vont essayé de s'affranchir en fréquentant d'autres jeunes américains et ne plus vivre comme des coréens. Ce roman est très détaillé sur cette communauté.
En France, les asiatiques souffrent de cette étiquette de "chinois". Lim Yeong-hee éd. Chan-ok met en scène dans plusieurs albums Jinju, une petite coréenne qui s'intègre difficilement à l'école. Alex "Le banc" Sandrine Kao éd. Syros, souffre d'être traité de "bol de riz" et surtout d'être perçu comme chinois alors qu'il est d'origine taïwanaise. Un personnage asiatique, Agathe, une jeune femme, peine à trouver sa place, son identité : elle vit à Lyon et mous mènera sur les routes de France, jusqu'aux Andes en Amérique du sud. Contrairement aux héros américains, s'ils souffrent d'être perçus comme chinois, nos héros ne remettent pas vraiment en cause leur double-culture. Kevin "Ma vie à la baguette" Chloé Cattelain éd. Thierry Magnier, préfèrerait fréquenter les filles, échanger sur Facebbok plutôt que de s'occuper de l'entreprise familiale, mais ce conflit ne remet pas en cause ses origines chinoises, plutôt lié à un conflit de génération.
ces asiatiques qui ne sont pas chinois...
"Mon amour kalachnikov" Sylvie Deshors éd. Rouergue "Ma vie à la baguette" C Cattelain éd. T Magnier
RETOUR AUX SOURCES ET METISSAGE
Nos héros sont en conflit, s'interrogent. Mais parfois, ce sont les parents qui ont coupé avec leurs racines. Kimiko, "I love you so mochi" éd. Fleurus, est une jeune américaine bient intégrée avec un bel avenir tout tracé. Sa passion pour le dessin va briser un secret de famille et la mener au Japon où elle rencontrera sa famille qu'elle ne connait pas et l'amour. Kiko "L'esquisse du bonheur" A.D. Bowman éd. Pocket est d'origine japonaise mais elle ne connait rien de ses origines ; c'est la révélation d'un lourd secret de famille qui va lui permettre de prendre son envol. Nous rencontrons des personnages métissés, comme "Anju et Selma", un franco-japonais qui va enquêter en Chine ou "La vie fantastique de Napoléon Tran", franco-vietnamien d'Olivier Ta Duc éd. Dupuis
COREE ET JAPON : PAYS TENDANCES
La Chine se réveille, pourtant, si elle est moins mystérieuse, elle ne fait pas autant rêver que la Corée et le Japon. Le phénomène de la k-pop et J-pop explose, tout comme le roman pour grands ados. Toutes les fans rêvent de gagner un concours de chanson ou d'approcher les groupes de boys-band. Les séries se déclinent et nos héroïnes ou bandes de filles se précipitent à Séoul ou Tokyo. On peut poser la question à Maud Parent si sa série "My korean lover" Ed. Hachette s'adresse à la jeunesse : alcool, sexe et suicide sont une des constantes de sa série, très réaliste. Mais ce lectorat, très féminin, se compose, en plua des ados, de cette nouvelle tranche d'âge 18-30ans, nommée "adulescents", ou "jeunes adultes" dans les rayonnages de bibliothèques ; cela mêmes qui feront un succès d'une saga qui sera lu autant par les jeunes ados que les adultes : "Le clan des Otori" puis "Les enfants des Otori" éd. Gallimard.
Ae-jeung "K-Pop" série éd. Livres du dragon d'or ; "Rosewood chronicle" série Conie Glynn éd. Casterman ; série "Kinra girls" Moka éd. Play-bac ; "My korean lover" Maud Parent éd. Hachette
Les arts martiaux, le japon traditionnel est une autre facette du roman d'aventure qui séduit : "Le clan des Otori" suivi "des enfants des Otori" (pour les plus jeunes) de H Learn éd. Gallimard, puis "Les chroniques de l'érable et du cerisier" Camille Monceaux éd. Gallimard
Le Japon, c'est la fête, la J-Pop, les jeux vidéos, les mangas... un pays bien familier des jeunes lecteurs : on y trouve l'amour aussi. N.M. Zimmermann fait le constat que les jeunes français sont fans de ce pays mais le connaissent bien mal, raison pour laquelle, en bonne connaissance du sujet pour y avoir vécu, elle décide d'écrire "L'amour, le Japon, les sushis et moi" éd. A. Michel
LES CATASTROPHES ET L'ECOLOGIE
Si nos personnages asiatiques se questionnent, l'Asie va faire l'actualité mondiale à plusieurs reprises, avec des catastrophes. La Thaïlande et l'Indonésie deviennent une destination du tourisme de masse, ainsi que le décor de jeux TV. Ces vacances paradisiaques vont se transformer en cauchemar avec le Tsunami. Ce sont quelques années plus tard que des auteurs occidentaux vont raconter cette épisode tragique. Arthur Tenor avec "Tsunami" éd. Oskar, évoque ce moment tandis que Orianne Charpentier avec "Après la vague" éd. Gallimard parle de l'après, du deuil.
C'est le Japon qui fait parler de lui ensuite avec Fukushima. Sous forme de roman, de BD, les auteurs évoquent la catastrophe : C Loén "Mon père n'est pas un héros" éd. Oskar, B. Galic "Fukushima : Chronique d'un accident sans fin" éd. Glénat, Fabien Grolleau Ewen Blain "Naoto, le gardien de phare" éd. Stenkis
Ces catastrophes soulignent les problèmes climatiques : on dénonce les usines toxiques, les usines asiatiques travaillant pour l'Occident : C. Léon "Bleu toxic" éd Seuil, Catherine Fradier "Dacca toxic" éd. Au diable vauvert, Carolin Phillips "Made in Vietnam" éd. Bayard. Ce sont le Viêtnam, l'Inde et le Bangladesh qui sont cités.
FUTUR ET MIGRANTS CLIMATIQUES
Dans les années 2010, c'est une déferlente de livres catastrophes, fin du monde liés aux changements climatiques avec des zombis que l'on apprécie toujours. Nombreuses séries se déroulent en Amérique du nord ou dans de nombreux pays avec des personnages asiatiques : Fabrice Colin "La fin du monde" éd Le livre de poche parle de survivants après une bome atomique ; C J Bertrand avec "Apocalypse blues" évoquera le déchainement des catastrophes climatiques et d'ados indiens fuyant vers les Etats-Unis ; avec K Emerson "Atlantide" éd. Milan, nous sommes déjà dans le monde d'après...
On notera quelques propositions surprenantes avec des asiatiques qui voyagent dans le passé en France pour régler le problème de la montée des eaux "Le signe de K1" C Gratias éd. Syros ou des vietnamiens qui partent en fusée à la recherche d'une autre planète habitable, T Robberecht "Reborn" éd. Mijade
Le futur n'est pas une thématique asiatique. Cependant il y a bien un pays où l'on aime les ambiances "fin du monde", c'est le Japon. Romans, BD ou adapttions de manga, nombreux auteurs occidentaux mais aussi japonais évoquent cette fin du monde au Japon. Un éditeur se spécialise même sur les textes d'auteurs japonais : les éditions Ofelbe. On remarquera que les robots ou la technologie interviennent souvent chez les auteurs japonais : si les héros de "Au chevet d'une guerrière" évoluent dans une petite ville japonaise envahie par des monstres, ils découvrent qu'ils peuvent les combattre grâce à de super-pouvoirs robotiques.
Avec I Iroshi "Au chevet d'une d'une guerrière" éd Ofelbe, un virus tue presque toute l'humanité ; Y Ayatsuji nous fait perdre la mémoire avec "Last mémory" éd Pika
Avec "Yojimbot", de S Repos éd Dargaud, ce sont les robots qui dirigent le monde
A la fin des années 2010, le monde change, les asiatiques ont un nouveau visage... A suivre!
L'ASIE DANS L'EDITION JEUNESSE 1/ LES ANNEES 1990
L'ASIE DANS L'EDITION JEUNESSE 2/ LES ANNEES 2000
L'ASIE DANS L'EDITION JEUNESSE 4/ FIN DES ANNEES 2010
L'ASIE DANS L'EDITION JEUNESSE 5/ DEBUT DES ANNEES 2020