OLLIVIER, Stéphanie

Ollivier stephanie

Stéphanie Ollivier a passé plus de vingt ans en Chine comme journaliste indépendante et auteure de livres. A Paris elle fonde les éditions Fadjong, avec une collection "Ma vie en Chine" illustrée par Gao Yuan, par laquelle elle souhaite présenter aux jeunes lecteurs, avec des albums thématiques, la vie quotidienne des chinois d'aujourd'hui. Son premier titre évoque l'école et nous la rencontrons pour son deuxième volume consacré à la médecine chinoise.

"Ma vie en Chine : la médecine traditionnelle" / Stéphanie Ollivier, illustré par Gao Yuan - éditions Fadjong, 2024

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Ma vie en chine la medecine traditionnelle

1 - Pourquoi ce thème assez pointu pour ce deuxième volume de "Ma vie en Chine" ?

Pour le second tome de Ma Vie en Chine, j’hésitais entre plusieurs thèmes, parmi lesquels la médecine traditionnelle. Quand j’ai demandé conseil autour de moi, c’est ce sujet qui semblait le plus intriguer. Le fait qu’il n’existe encore aucun ouvrage jeunesse en français sur cette approche médicale a été un autre facteur. Enfin, l’une des principales caractéristiques de la médecine traditionnelle chinoise est d’être une médecine préventive, intégrée dans divers aspects de la vie quotidienne des Chinois (nutrition, exercices physiques…). Ce sujet avait donc donnait toute sa place au sein de la collection.

2 - La présence de la médecine traditionnelle est-elle aussi forte en ville, et auprès des jeunes générations selon vous ?

Cette approche de la santé imprègne la culture et la vie quotidienne, et les deux médecines – chinoises et occidentales – sont présentes dans les hôpitaux et pharmacies à travers tout le pays. Les Chinois passent donc de l’une à l’autre de manière très fluide, qu’ils soient citadins ou campagnards. Quant aux jeunes, au moins dans les grandes villes, ils semblent de plus en plus attirés par les traditions et une vie en phase avec la Nature. Ils sont peut-être même plus réceptifs à la médecine traditionnelle que l’étaient leurs parents, qui ont vécu le boom économique post-révolution culturelle et étaient plutôt attirés par ce qui était moderne et occidental.

3 - Pour cet album, comment avez-vous travaillé pour réunir toute cette documentation ?

J’ai croisé différentes sources. J’ai lu un certain nombre d’ouvrages de vulgarisation ou écrits par des spécialistes de médecine chinoise, que j’avais chez moi, ou que j’ai trouvés à la bibliothèque de l’Inalco. J’ai consulté de nombreux articles en ligne. J’ai relu les notes prises lors de reportages sur la médecine traditionnelle réalisés lorsque j’étais journaliste en Chine. En parallèle, je me suis appuyée sur mon expérience personnelle là-bas : mes souvenirs de cliniques, de pharmacies ou de traitements. J’ai aussi eu d’intéressantes discussions avec l’illustratrice de l’album, Gao Yuan. Sa vision de jeune citadine chinoise m’a permis d’ajuster certaines de mes interprétations de Française ! Enfin, je suis très reconnaissante à la sinologue Catherine Despeux, grande connaisseuse de la médecine chinoise, d’avoir bien voulu relire mon texte. Elle m’a fait un certains nombre d’observations très utiles !

4 - Quelle technique ou médicament "naturel" vous a t-il le plus surprise?

C’est un bon adjectif pour caractériser l’arsenal thérapeutique chinois. Les potions sur mesure, avec leurs ingrédients bariolés et leur odeur âcre, sont toujours surprenantes pour des Occidentaux habitués à avaler un cachet blanc avec une gorgée d’eau. Personnellement, j’ai un souvenir marquant de la première fois que j’ai vu des ventouses. Je vivais à Pékin et avais emmené un ami parisien de passage à un dîner chez une styliste chinoise. Vers la fin du dîner, comme cette dernière s’était vantée d’avoir appris à poser ces ventouses, mon ami a voulu essayer. Cinq minutes plus tard, il était à plat ventre sur la table du salon avec plusieurs pots en verre enflammés sur le dos, qui ont laissé des grosses traces violacées une fois retirés. C’était visuellement impressionnant, même si ce n’était, parait-il, pas douloureux ! Ce qui m’a beaucoup surpris aussi, au moins dans les années 2000, ce n’était pas une technique, mais plutôt la manière dont se passait les consultations de médecine traditionnelle : les portes restaient ouvertes, certains patients attendaient leur tour dans la salle de consultation même, sans que ce manque d’intimité, et de confidentialité, semble perturber qui que ce soit. Mais je pense que cet aspect-là est en train de changer, au moins dans les grandes villes et les cliniques privées.

5 - Certaines techniques sont connues en France, comme l'acupuncture : peut-on se soigner en France aussi facilement avec les mêmes techniques et médicaments qu'en Chine ?

En France, l’acupuncture est officiellement reconnue comme une technique thérapeutique, donc pratiquée par un certain nombre de professionnels. Mais les autres techniques, comme l’utilisation de la phytothérapie ou les massages tuina, ne le sont pas. Quant aux médicaments, ils doivent répondre à diverses normes et être autorisés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Or, très peu le sont. En France, se soigner avec la médecine traditionnelle chinoise hors acupuncture n’est donc pas simple.

6 - La Chine est si variée en peuples et climats : y a t-il des médicaments, techniques spécifiques à certaines régions ?

Les techniques générales (acupuncture, moxibustion, massage tuina…) sont les mêmes partout, même s’il y a probablement des variantes d’une région à l’autre. Certains ingrédients médicinaux, en revanche ne poussent que dans certains endroits : le ginseng près de la frontière coréenne, et certaines herbes médicinales dans les montagnes du Yunnan, par exemple. Mais la modernisation des infrastructures de transport et de l’industrie ont permis à l’offre de soins ou de médicaments d’être aujourd’hui assez similaire dans tout le pays.

7 - Quels sont les prochains thèmes que vous aborderez dans cette collection de "Ma vie en Chine" ?

Le prochain album portera probablement sur l’alimentation et la cuisine, vus à travers un angle sociétal. Je prévois également de faire un album sur la famille en Chine