alums années 70
DE QUELQUES ALBUMS CHINOIS DES ANNEES 1970
/Cécile Boulaire
maître de conférences en littérature française à l'université de Tours
N°215 Revue des Livres pour Enfants
RESUME
Un regard sur quelques albums des éditions en langues étrangères de Pékin.
Ce qui frappe avant tout c'est la lourdeur idéologique. De 1966 à 1969, Mao a lancé la jeunesse à l'assaut du parti lui-même pour le rénover et éliminer la bourgeoisie.
La Révolution a pris fin et l'ère maoïste arrive à son terme mais les keunes héros luttent toujours. Ces jeunes pionniers pour certains sont qualifiés de Gardes rouges.
"Nos petits gardes rouges" est une énumération d'actes civiques réalisés au quotidien.
est une énumération d'actes civiques réalisés au quotidien.
"Hai Houa" est chef de peloton de la Petite Garde rouge de l'école primaire "Etoile Rouge". Yenla et son frère cadet son eux aussi Gardes rouges, de nationalité Taï dans les "deux petits paons" .
est chef de peloton de la Petite Garde rouge de l'école primaire "Etoile Rouge". Yenla et son frère cadet son eux aussi Gardes rouges, de nationalité Taï dans les .
Ils se singularsient par leur extrême dévotion à une Chine nationaliste, prospère et socialiste.
"Les deux soeurs héroïques de la steppe" vont conduire un troupeau à travers une tempête de neige au péril de leur vie. Hai Houa et ses camarades capturent une femme d'un ancien propriétaire complice d'un agent secret. Oulikiou débusque un voleur de chameau, lui aussi agent secret... Yang Siao-Tsiun et son camarade Petit Boulot capturent un aigme coupable d'avoir dévoré des cannetons de l'équipe de production.
vont conduire un troupeau à travers une tempête de neige au péril de leur vie. Hai Houa et ses camarades capturent une femme d'un ancien propriétaire complice d'un agent secret. Oulikiou débusque un voleur de chameau, lui aussi agent secret... Yang Siao-Tsiun et son camarade Petit Boulot capturent un aigme coupable d'avoir dévoré des cannetons de l'équipe de production.
Bravoure au nom d'un idéal communiste.
Dès le début du récit, les deux soeurs mongoles sont décidées à devenir dignes enfants du Président Mao et rassurent leur père en gardant les moutons : "(...) nous savons que ce sont les biens de la commune". Cette pensée fonde aussi la confiance que leur accordent les adultes : "Nos enfants sont d'une génération nouvelle formée par la pensée du Président (...) et sauront protéger le troupeau". Yenla et son frère , les deux enfants Taï cherchent à imiter le célèbre Leï Feng, orphelin devenu soldat exemplaire, érigé en modèle : "(...) nous devons prendre exemple sur l'oncle Leï Feng. Allons couper de l'herbe pour les chevaux". L'album se clot par une chanson : "Notre chère Armée de la Libération vient de chez le Président Mao, elle nous conduit dans la radieuse voie du socialisme!" Hai Houa écute le secréatire évoquer le sombre passé : "Dans l'ancienne société si ténébreuse, c'étaient les propriétaires de pêcheries despotes qui faisaient la loi dans nos villages où ils exerçaient une tyrannie sans nom". Dans "Capture d'un aigle" ou "Nos petits gardes rouges", le propos est plus positif : pas d'ennemis à combattre mais une tâche exaltante : celle de contribuer par de pettis faits du quotidien à l'édification d'un pays moderne.
Toutes ces formules qui se retrouvent même dans les préfaces des albums semblent datés. L'époque où ces certitudes n'ont pas été ébranlées. Le Parti communiste français permettait la diffusion des éidtions La Farandole et des librairies, les mouvements d'Amitié franco-chinoise celles de ces albums chinois.
Au delà de ces idées, nous retrouvons d'ancestrales valeurs pédagogiques confucéennes, comme ces exercices de gymnastique qui forment la base de l'enseignement scolairechinois dès le XIIème s. Le pédagogue Zhu Zi (1130-1200) préconise l'apprentissage de chants accompagnés de danses et d'exercices rituels dès la petite enfance.
L'idéal d'intégration dans la société valorisé à travers ces jeunes héros, est l'une des valeurs de base de l'éducation. Le sinologue J Gernet précise que la Chine se distingue en ayant fixé et approfondi depuis les Song un idéal d'intégration fait de modestie, de réserve, de contrôle de soi et de dévouement axu parents et ancêtres, évitant ainsi le développement de l'orgueil et de la prétention. Ce sont ces valeurs mises au goût du jour lorsque l'on réforme l'enseignement au début du XXème s.
Longmei et Yurong entourent respectueusement le secrétaire du Parti, Yang Sioao Tsiun et petit Boulot se lancent à l'assaut du nid d'aigle par respect envers leur grand-père qui s'est vu dérober les cannetons.Lorsque Yenla trouve l'allure du canneton étrange, elle consulte les grands-pères. Dans "Nos petits gardes rouges", la morale comportementale confucéenne se fait plus vive avec cette succession d'annecdotes imagées. : le dévouement au socialisme se fait par des gestes préconnisés dans les anciens manuels comme le "Tongmeng xuzhi" de Zhu Xi. Apprendre les règles d'hygiène et de comportement devant les aînés.
Les albums plus héroïques peuvent sembler développer une nouvelle éthique en singularisant un enfant s'élevant au dessus du collectif. Cependant jamais l'enfant-héros n'est présenté seul. Les soeurs de la steppe sont deux, Hai Houa est accompagnée de ses camarades, Yenla commence par s'adjoindre Siaotouan, Yang Siao-Tsiun fait paire avec Petit Boulot et Oulikitou avec sa jeune soeur.
Dès le Xème s. des recueils d'historiettes moarles (les instructions familales -Jiaoxun- de Yang Wengong) sont proposés aux enfants, om sont érigés des modèles de comportement : Huang Xiang par forte chaleur évente les nattes de ses parents et les réchauffe en hiver avec son corps ; Lu Ji cinq ans préfère garder ses oranges pour ses parents... C'est dans cette logique que Mao met en exergue les vertis révolutionnaires.
Entre éthique confucéenne et dogmatisme maoïste, ces albums avaient peu de chance de plaire aux jeunes lecteurs français des années 70. Cependant il y a dans la plus part de ces albums une dimnesion profondément enfantine propre à les séduire, aussi en raison de leur simple exotisme. A cette époque, il y a peu d'ouvrages pour enfants évoquant la Chine. Le Bulletin d'analyse de livres pour enfants en 1974 référencie six titres dans la catégorie "albums-contes"(odnt deux albums du Père Castor), quatre romans dont "les tribualtions d'un chinois en Chine" et ces romans n'évoquent que la Chine ancienne. S'ajoute quelques rares documentaires.
Ces albums sont d'autant plus exotique que, conformément à l'idéal maoïste voulant apporter cette révolution parout, ils rpésentent en priorité des enfants de minorités nationales : la Mongolie intérieure pour "Deux soeurs", la Chine méridionale pour "Hai Hua", les steppes occidentales pour "la poursuite", un village Miao pour "La capture d'un aigle". Ainsi, ils reflètent la diversité de la Chine, la géographie et les us et coûtumes : les deux mongoles sont agenouillées à une table basse, Siao-Tsiun avec sa maison sans fenêtre dort sous une moustiquaire, Yenla est près de sa maison sur pilotis... Les paysages insolites : de la steppe aux bananiers... Mais ces aspects n'étant pas le propos des récits, il n'y a auncun commentaire explicite. La séduction de l'inconnu fonctionne d'autant en leur absence.
Au delà de cet exotisme, le charme de véritables épopées tranchent en ce milieu des années 70 sur l'espace domestique communément représenté dans l'album. Bien que déférents envers les adultes ces jeunes héros réalisent seuls leurs exploits, ce qui peut séduire le sage petit lecteur français. Les images érigent ces personnages en projections de désirs de puissance de l'enfant. Les petits gardes rouges, manifestent toutes les qualitésqui font d'un personnage un héros romanesque auquel l'enfant désire s'identifier.
Au delà de la morale et de la politique, ces albums sont pour certains de belles aventures enfantines tant par les valeurs mises en scène qu'à travers la figure de héros puissament dessinés. Nul doute que leur charme à opéré sur leurs rares lecteurs français des années 70.