PUNIR DESOBEIR
PUNIR, DESOBEIR... Où comment punir les enfants chinois... (d'après des albums de la deuxième moitié du XXème s.)
EDUCATION ET PERVERSION
Que ce soit dans le livre de propagande ou dans l'album d'histoires d'aujourd'hui, l'enfant est très occupé et n'a pas le temps de flâner, de rêver, de jouer : il n'a pas de temps pour lui. Il pense à la communauté : sauver, aider, combattre comme un adulte ; nettoyer, laver, étudier pour aider sa maman, devenir grand et en bonne santé (voir art.).
L'enfant est donc parfait : il agit comme l'adulte le souhaite. Se pose alors deux problèmes : comment éduquer le jeune lecteur si le héros est toujours parfait et comment peut-il devenir un parfait petit garde rouge s'il ne maitrise pas la ruse, s'il n'est pas un peu... pervers?
Ainsi, pour le bien de la communauté, l'enfant - fille comme garçon car il n'y a pas de distinction de sexe lorsqu'il s'agit de répandre la bonne parole communiste et dénoncer, voir tuer l'ennemi - singera l'adulte, usera du mensonge pour le bien de tous, dénoncera, tuera, comme un adulte.
Faire semblant d'être blessé, tuer, faire prisonnier... (les tracts)
L'éducation sert pour devenir un bon adulte capable de se dévouer à la communauté : le jeu sert uniquement à cela. Ne pas jouer avec les autres est une forme de désobéissance et le jeune enfant n'arrivera jamais à réaliser son jeu sans l'aide de ses camarades.
Impossible de jouer seul ! (à la maternelle)
FAIRE DES BETISES POUR APPRENDRE
Comme dans le conte, nos jeunes héros vont devoir faire des bêtises et désobéir pour apprendre.
La perversité, les mauvais caractères ne sont pas propres aux enfants : ce sont souvent des animaux qui sont accusés de tous nos travers ; le paon orgueilleux, l'oiseau rêveur... le titre même de ces albums évoquent le sujet traité : l'histoire n'a que peu d'intéret, s'agissant d'avantage d'une bonne leçon de morale. L'animal remplace souvent l'enfant dans ces leçons de morale. Généralement la leçon explique à l'enfant qu'il doit agir pour le bien de tous, aider les autres : des histoires contre l'individualisme.
Cela ne sert à rien d'être le plus beau si on est bon à rien! (l'oiseau rêveur)
Lorsque l'enfant est lui-même le "héros" de l'histoire, ses bêtises sont souvent liées à son univers d'éducation, le mensonge et plus surprenant : la paresse, l'oisiveté. C'est un point essentiel à l'éducation des enfants : ils ne doivent pas rester à paresser ou à s'ennuyer, et donc à jouer.
Dans une adaptation du "garçon qui criait au loup", le jeune berger chinois s'amuse à mentir et finira en sanglots dans les bras de sa mère qui lui préparera un bon repas : l'aventure sert de leçon à l'enfant.
Maman console son enfant avec une bonne soupe (l'enfant qui criait au loup)
Si cette histoire se termine bien, le jeune enfant n'est pas toujours consolé et il fini en pleurs, seul pour comprendre.
Pleurer sans être consolé
Il n'est pas imaginable de montrer un enfant puni directement par un adulte. La fiction use alors de stratagèmes plutôt étonnants : le rêve et la magie.
ENTRE DESOBEISSANCE, REVE ET PARESSE :
LA MAGIE
Lorsqu'une petite fille refuse de se laver les dents et se gave de bonbons avant de se coucher, ce sont les dents elles-mêmes qui sortent de sa bouche pour la gronder. C'est la brosse à dents qui lui explique comment s'en servir. En récompense, elle pourra participer à la fête de l'école.
Quand les dents se révoltent d'être sales et sortent de la bouche...
Les objets s'animent : c'est l'artifice trouvé pour faire face à l'enfant : dans le plumier de l'élève, tous se plaignent d'être maltraités ; pour se venger, ils vont refuser d'obéir à l'enfant qui va pleurer (les petits compagnons du plumier). Il en est de même pour le crayon maltraité par un petit frère (l'aventure du petit crayon) qui sera rendu ensuite à la studieuse grande soeur.
Le crayon et autres instruments du plumier décident de se vanger d'être maltraités...
Dans tous ces exemples, la leçon n'est pas devenir sage pour mieux vivre, mais pour mieux travailler ou mieux étudier.
DE LA PARESSE AU REVE :
La paresse n'est pas une dérive du plaisir... C'est plutôt un handicap : Maomao et son chat jouent le soir et ne se lèvent pas le matin. Les adultes ne sont pas contents mais ils ne le punissent pas. Les autres enfants eux sont heureux de se coucher et de se lever tôt pour faire leur gymnastique... Paresser le matin dans sont lit est perçu comme une maladie : on ne punie pas un malade!
La paresse est une maladie...
Les bêtises, la paresse et la désobéissance ne sont pas réservés aux garçons.
Fanfan est une bonne élève. Mais en rentrant chez elle, elle a envie de profiter du jardin et jouer au lieu d'aider sa maman en coupant du bois, faisant le ménage et la cuisine.
Une petite abeille se transforme en petite fille et va l'aider en utilisant la magie : le bois se coupe tout seul, les légumes s'épluchent sans elle, ses habits prennent place sur elle et la nourriture vient à sa bouche sans effort... Tout dérape lorsqu'elle refuse de manger : l'assiette lui court après!
Quand la soupe court après l'enfant...
Zhenzhen aussi refuse de manger et donne ses plats aux animaux. Elle ne grandit pas et fini par s'envoler...pour se retrouver dans un autre monde où elle n'est pas plus grosse qu'un insecte. Son rêve tourne au cauchemar et se réveille à table où elle mange et redemande une assiette.
Les lacets des chaussures, comme la propreté des ongles : une obsession bien chinoise...
Si certains comportements sont présentés négativement comme la paresse, punir un enfant ne va pas de soit : la magie ou le rêve intervient pour remplacer l'adulte.
L'adulte lui aussi fait des rêves : un homme qui a trop bu s'endort et se voit transporter au royaume des fourmis où il sera malmené : ce rêve pour le punir d'avoir trop bu... mais il y a bien des fourmis : il était assis dessus.
Où l'homme îvre est invité à se rendre au royaume des fourmis...
Vaincre cette terrible maladie qu'est l'ennuie en devenant adulte. C'est ainsi qu'une jeune princesse se désespère d'ennuie et sera guérie par l'arrivée d'un bébé dont elle devra s'occuper...
être îvre et s'endormir... Recevoir un bébé pour s'occuper...
BIBLIOGRAPHIE
"L'aventure de Zhenzhen" Ed. En langues étrangères, 1982
"L'aventure du petit crayon" Ho yi Ed. En langues étrangères, 1964
"Le chevreau et moi" Yang Pei-ken Ed. En langues étrangères, 1959
"Comment soigner l'ennui" Mortara Rita Piccoli, 19-?
"Fangfang se fait soigner les dents" Cheng yiru Mi y. Ed. Des enfants, 1980
"Le loup arrive" Yong an Livres du Dauphin, 1996
"L'oiseau rêveur" Keng keng Ed. En langues étrangères, 1979
"Maomao et Miaomiao" Ed. En langues étrangères, 1981
"Le petit éléphant veut retrouver sa maman" Jiang zhenli Les livres du Dauphin, 1987
"Les petits compagnons du plumier" Zheng yuanjie Ed. Zhaohua, 1982
"Le poste d'observation N°3" Li Jou-tsing Ed. En langues étrangères, 1972
"Le rêve d'une fillette paresseuse" Chen Jong-ken Ed. En langues étrangères, 1958
"Le rêve du voyoge au royaume des fourmis" Li tianxiu Ed. En langues étrangères, 1988
"Une couronne pour frère éléphant" Ed. Zhaohua, 1983