LA PROPAGANDE
LA PROPAGANDE
LA PROPAGANDE : UNE NOUVELLE CHINE ?
derrière ce sourire angélique se cache une terrible soldat... (Hai Houa fleur de la mer)
Voici une petite introduction qui n'a, comme les autres articles de ce site, aucune prétention de cerner le sujet ni même de le développer mais simplement de l'ouvrir et de lancer quelques pistes. Celui-ci fait résonnance au livre de JP Diény "Le monde est à vous" (Gallimard, 1971), pour la synthèse concernant l'historique.
La propagande est propagée à travers les livres pour enfants dès 1942. Elle se singularise par sa volonté d'être diffusée bien au delà des frontières en plusieurs langues, notament avec les éditions en langues étrangères basées à Pékin, les Livres du Dauphin ainsi que les éditions Zhaohua.
Elle s'illustre avec le "Petit livre rouge" de Mao et s'étale sur les murs.Mais le livre est un bon vecteur. De mauvaise qualité pour être peu cher, il est accessible. Il ne s'adresse pas à un lectorat précis mais à la jeunesse en général. Le livre reste encore aujourd'hui éducatif (voir art. "éducation").
Cependant cette propagande doit certainement son éfficacité à son appuie sur les traditions ancestrales : l'obéissance, la sagesse, le respect des adultes,... Mais le changement s'opère dans son traitement. La religion, les superstitions si nombreuses et omniprésentes dans le quotidien sont éffacés. La collectivité prime, le soldat est roi, le travailleur une référence. Mais en aucun cas l'enfant est éduqué pour s'élever mais pour servir son pays, utilement.
cette enfant, première de sa classe sera punie parce qu'elle préfère étudier plutôt que de faire le ménage chez elle...(le rêve d'une fillette paresseuse)
servir le soldat (de bons enfants)
aider le travailleur paysan ou ouvrier (de joyeux enfants)
aider maman dans les tâches quotidiennes (de joyeux enfants)
La fascination pour les sciences, les découvertes sont développées "grâce" au communisme, supprimant et expliquant au passage que ces dictons, légendes et autres croyances ont une origine simple et réaliste.
où il est expliqué comment avancer très vite grâce à l'air (l'air au travail)
La morale quant à elle se retourne contre la bourgeoisie : la réussite n'est pas pécuniaire mais avant tout le fruit du travail. La paresse, l'oisiveté sont à combattre. Le repos et le jeu restent un partage, une socialisation éducative mais certainement pas un moment de rêverie. (voir art. "loisirs")
pour s'amuser, s'occuper au jardin d'enfants, l'on dessine... un soldat (je suis de service aujourd'hui)
L'hônnéteté et la générosité si importantes s'apprennent collectivement pour que ces notions soient bien appliquées...
la bonne fée (remplaçant ici les dieux et autres créatures surnaturelles) félicite l'enfant après que celui-ci ai distribué tous ses trésors : "comme j'aimerai que tous les enfants soient aussi gentils que toi" (les sept pierres précieuses)
Le respect de l'adulte mais aussi l'obéissance se fait à l'égard de celui qui saura expliquer, initier, guider, celui qui est hônnete et travaille durement pour le bien de tous ou ceux qui sont trop faibles physiquement... cette notion d'aide aux personnes âgées est ainsi toujours de rigueur. L'enfant apprend à être autonome et les conflits avec les parents sont évités.
l'enfant est fier d'être aux côtés de son guide après son exploit (l'enfant ouvrier)
Mais les chinois aiment les Dieux. La propagande leur en offre, et des Dieux vivants : c'est ainsi que naissent de nouveaux héros, enfants, dans lesquels filles et garçons peuvent s'identifier et imiter leurs actes.
servir son pays c'est savoir se sacrifier... (le messager)
...faire la guerre (Houang Ki-Kouang)
les femmes ont un rôle égal à celui des hommes... (le détachement féminin rouge)
Ces héros se distinguent par l'aide offerte à des personnes âgées, dans l'opposition paysans/propriétaires, ouvriers/patrons, et dans la guerre contre l'étranger. Nombreux héros sont jeunes afin que les jeunes lecteurs s'identifient plus facilement. Mais cet acte d'héroïsme est minimisé : l'orgueil et la fierté personnelle sont punies.
donner sa vie pour en sauver une autre (il est toujours vivant en nous)
Mimi le fierot sera puni pour s'être trouvé trop beau...mais ses amis lui donnent une leçon pour qu'il devienne bon. (Mimi le fierot)
La nature quant à elle est très présente également. Elle est généreuse avec l'homme mais devient son adversaire si celui-ci n'en est pas respecteux.
Le héros, même s'il n'accompli qu'une simple et banale action, fait une belle action qui est retranscrite dans l'illustration très esthétique, ici, de la capture d'un aigle. (capture d'un aigle)
Le régime a réponse à tout et propose un monde meilleur dont les enfants en sont lee bâtisseurs, filles comme garçons, avec leur guide, Mao. Reste que l'avenir est à écrire puisque l'on ne se projette pas dans le futur.
Lecture collective de l'enseignement de Mao (la guerre des souterrains)
CHANGEMENT DE PERCEPTION
La famille qui est le ciment de la société est passée sous silence. L'enfant apprend très tôt la vie en collectivité et la vie en dehors de la maison.
Cette petite fille pleure car son grand-père est très malade... ne la croyez pas! elle cache des tracts dans son panier! (les tracts)
Le plus choquant est certainement le fait que l'on ne cache pas la violence aux enfants. Elle lui est montrée, parfois, il en est l'acteur même.
L'enfant écrase les adultes par sa rage de vaincre... (Liu Wen-Hsueh)
Où l'enfant explique à l'homme qu'il ment et est méchant (les petites sentinelles)
l'enfant arrête le voleur (Hai Houa)
C'est peut-être ce qui apporte un réel changement : punir voir tuer un homme, ou un vieil homme s'il représente une menace pour la collectivité, le pays.
L'enfant martyre face à son bourreau... (Liu Wen-Hsueh)
Denonciation publique ou humiliation? Explication généresue ou plaisir de se venger? (le coq chante à minuit)
L'enfant n'hésite pas à se battre...mais il est toujours montré plus haut ou sur son "ennemi" (Liu Wen-Hsueh)
L'autre changemnet est la résolution des problèmes ou d'une histoire. Si elle revêt un mystère, une fin à questions, une histoire -souvent transformée en cas pratique- ne peut avoir pour la propgande une fin énigmatique ou hasardeuse. Elle s'achève par un exploit, une leçon.
La science, le progrès sont visibles par les réalisations gigantesques du régime : barrages, usines... n'oublions pas que les chinois jusque récemnet étaient ruraux en grande majorité. Tandis que dans les régions se profilent quelques pilônes dans le paysage.
Cependant quelques lettrés trouvent grâce aux yeux du régime...
Lorsqu'il voyait les fourmis se battre il devenait triste... (maître TongKouo)
La propagande n'a donc fait que reprendre de grands concepts de la civilisation chinoise pour les modifier, les interpréter.
Mais mis à part ces singularités historiques comme la guerre, il est interessant de comparer certaines thématiques vues par la propagande et les livres occidentaux actuels.
"Lorsque l'instructeur Lieou eut achevé son histoire, tout le monde se mit à applaudir joyeusement (le poste d'observation n°3)
UNE CHINE IMAGINAIRE A LA FRANCAISE
Alors que l'actualité ne cesse de présenter un pays en plein essort, une économie de plus en plus forte menaçant les interêt occidentaux, mais aussi une politique pas toujours en accord avec notre perception des droits de l'homme ; un pays qui se prépare à accueillir les Jeux Olympiques et devenant une des plus prisées des destinatiosn touristiques ; au contraire d'une jeune littérature chinoise traduite en français, les livres pour enfants semblent figé sur le passé.
En ce début de siècle, la littérature jeunesse évolue très vite, prenant pour modèle l'édition adulte. Ainsi, l'aspect commercial prend le dessus et le lecteur se transforme en consommateur dès son plus jeune âge. Le parent soucieux de l'intelligence et du développement de sa progéniture aspire à ce qu'il puisse acceder au plus vite à l'ensemble du Savoir. Les professionnels du livre ont de plus en plus des demandes dans ce sens. Ainsi, Grimm et Perrault n'existent plus. L'enfant doit avoir accès à ces classiques dès son plus jeune âge et donc dans des versions édulcorées.
Si l'on retire ce qu'il y a de plus choquant dans la littérature de propagande chinoise, il ne reste qu' un texte très simpliste et très accessibles, au contenu universel, basé sur les thématiques faisant le ciment de la société chinoise, et ce bien avant Mao.
La morale, l'hônneteté et le travail sont encore omniprésents. L'enfant reste souvent dominant. Quant au pauvre paysan luttant contre le méchant empereur, il a de beaux jours à vivre. Ces clichés d'une autre époque reflètent non une volonté de fermer les yeux sur l'avenir mais bien sur une forte demande. Quant à Walt Disney, il a "enchanté" les jeunes générations des années soixante-dix. Cette médiocrité très caractéristique a inspiré les illustrateurs chinois. Une histoire d' empereur aux vêtements luxueux et de couleurs vives dans son grand palais, un enfant gentil et honnête dans son village de carte postale séudit donc bien.
La langue chinoise est à la mode en France, passant ainsi à la cinquième place dans les langues étrangères les plus étudiées. Mais le développement du tourisme en est aussi un des facteurs. Le tourisme de masse explose. Notre "ménagère de moins de cinquante ans" a bien l'intention de découvrir une Chine ancestrale, avec en tête des lieux visités la Grande muraille et la Cité interdite. Les arts martiaux et la calligraphie renvoient eux aussi une image d'une Chine ancienne mais bien plus attractive : c'est une approche ludique, festive, attrayante de la Chine.
En France, même s'il existe des quartiers communautaires de plus en plus présents, cette idée même de communautarisme anglosaxon n'est pas encore admise. Même si la communauté chinoise à Paris évolue, dans son activité mais aussi dans ses origines et donc de niveau social, cette évolution ne fait pas rêver (voir art. sur le sujet).Les caractéristiques chinoises restent inchangées.
LA CHINE DOIT FAIRE REVER
- L'illustration exotique et mysterieuse
L'édition est un commerce. Le lecteur-consommateur est roi et ne veut lire ou voir seulement ce qui lui plait. Chen J H avec ses illustrations à l'encre de Chine sur papier de riz, ses histoires de Chine ancienne avec des thématiques bien connues : cerf-volant, Opéra de Pékin, dragons, arts martiaux... Lisa Bresner donnant la possibilité d'"écrire" et de "lire" le chinois en quelques minutes... une image facile à appréhender, donnant un plaisir immédiat. A l'image du restaurant chinois avec ses sculptures, lampions et baguettes, le lecteur veut un dépaysement rapide et un moment de plaisir, de rêve.
- Un texte court et simpliste
Les fables chinoises et les petits contes de Pu Songling (adaptés) se prêtent bien à cette demande. Les thèmes abordés par les éditions en langues étrangères comme l'hônnéteté, l'obéissance, le gentil pauvre et le méchant riche, le tout enrobé d'une bonne morale, ne semblent pas usés lorsque la vision que l'on a du jeune chinois parisien est assez proche...
UNE PROPAGANDE BIEN FRANCAISE
C'est une perception de la Chine très française. Heureusement, de nombreux auteurs anglo-saxons sont traduits et des auteurs chinois sont édités en France chez P Picquier notament. Ainsi, nous découvrons que les chinois expatriés ont une vie bien différente selon qu'ils soient à Paris ou dans des villes ango-saxonnes. Si Linn Linn se morfond dans son restaurant chinois français ("Linn Linn la petite fille du restaurant chinois"), Lingzi s'identifie au panda dans un zoo ("les pandas rêvnet aussi"), Jin doit s'intégrer dans un lycée américain ("American Born Chinese"), Gretchen elle, doit affronter ls garçons et faire face au divorce de ses parents ("la fabuleuse histoire de la mouche"...).
A quoi rêve une jeune chinoise de France?... Avoir une cage avec un oiseau!
Si les chinois n'échappent pas à certains clichés : bon élève, doué en informatique, respectueux envers les parents,... ils n'échappent pas aux problématiques des autres enfants : violence, drogue, chômage et divorce des parents... Mais en France, ils ne peuvent qu'être nostalgiques d'une Chine ancestrale, trop sages, prisonniers d'un idéal français, à l'image du "voyage en porcelaine", très proche de la propagande maoïste.
UNE NOUVELLE CHINE ?
Ces auteurs anglosaxons nous présentent un chinatown ravagé par la drogue ("CSU dragon rouge"), de jeunes chinois en quete d'intégration et d'identité ("La fabuleuse histoire de la mouche...", "Loser's club"), plus marquants encore avec la bande dessinée ("American born chinese", "My street"). Mais aussi dans l'illustration, en montrant une "nouvelle Chine" avec ses problèmes actuels ("Le petit lion de pierre"), ou son ouverture sur le monde par petites touches comme la présnce des fast food ("ma vie à Pékin..."). Une illustration présentant une ville terne et moderne ("en allant acheter des oeufs"), des gens pauvres fêtant Noël ("le plus beau de tous les Noëls)...
Une rue somrbe où un chat se promène dans le bric à brac laissé sur le trottoir...
Malgré une illustration un peu "rétro", He Zihong nous montre un fast food...
Certes ces albums ne sont pas les plus demandés mais ils sont sur les rayonnages de nos librairies et bibliothèques. Quant aux romans, espérons que des auteurs s'interesseront à la communauté chinoise telle qu'elle existe. En attendant, les jeunes chinois eux-mêmes nous exposent leurs propres visions de la Chine mais aussi de l'immigration. L'actualité, l'essort économique du pays et les jeux olympiques annoncent de grands changements dans la fiction enfantine d'autant que les jeunes générations françaises sont nées avec cette ouverture. Il est propable que ces jeunes gens, dont une partie est d'origine chinoise, s'interesse d'avantage aux grandes mégapoles chinoises où vivent de plus en plus de chinois. Elles feront rêver ou fascinneront mais ne laisseront pas indifférentes.
Un petit cochon chinois qui aspire à la même vie qu'un petit cochon français...
Le bus enmène les enfants vers la ville, laissant les boeufs à la campagne...