HONG KONG
Hong-Kong, des immeubles collés dans des rues étroites, survolés par des avions à basse altitude...
HONG KONG : UNE AUTRE CHINE...
Hong Kong est une ville unique, à part. Fruit de tous les fantasmes et de la démesure, quelle soit anglaise ou chinoise. C'est avant tout une ville dense, grouillante, propice à tous les trafics, ce qui en fait un lieu idéal pour nos héros, qu'ils soient pirates, migrants ou riches entrepreneurs chinois. Hong-Kong est une porte d'entrée pour les chinois, moins pour nos héros occidentaux qui, nous l'avons vu, préfèrent s'aventurer dans une Chine ancestrale en passant par Pékin, ou par le quartier français de Shanghai. Cependant, c'est une ville datée d'après guerre (2ème guerre mondiale) qui nous est décrite. La ville moderne, des jeux et de l'argent, mais aussi d'un futur apocalyptique est plus traitée dans la bande dessinée. Seuls quelques personnages dans des romans récents, américains, ont un père riche vivant ou originaire de cette cité.
des rues étroites, grouillantes où s'entremêlent les enseignes en chinois et en anglais... Hong-Kong passage des typhons
CHINE ET EDITION
Hong Kong a toujours été bien présente mais aussi bien séparée de la Chine. Cette ville qui très tôt est présentée comme une ville moderne est comparée à la Chine communiste, toujours en opposition. Nous avons donc un point de vue unique : celui des occidentaux. C'est un faire valoir de notre civilisation moderne, certes mais pas seulement. Une ville cernée par les méchants communistes, exotique où la "jungle" est à portée de mains, dont le port est ouvert sur une mer occupée par toutes sortes de contrebandiers... trop tentante pour nos héros en quête d'aventures. Si les chinois sont "pauvres, gentils mais pas très malins", la ville est un terrain idéal pour les occidentaux ou "anti-chinois" hors la loi.
Ainsi, cette ville est avant tout une vitrine pour démontrer la supérioritén occidentale. Avec la reprise en main de la ville par les chinois, de nos jours, elle est curieusement absente des romans. Seul Zhang Lun en fait un témoignage sous forme de BD, comme il a déjà témoigné pour la tragédie de la place Tian'anmen (voir interview ici).
quand les hôtesses de l'air rencontrent de pauvres chinois
SPECIFICITES
CHINOIS DE HONG KONG
Les chinois de Hong Kong sont semblables aux chinois de Chine : "tous les chinois se ressemblent"(1), ils sont "innofensifs"(2) mais "on ne sait jamais ce qu'ils pensent"(2), et l'on parle biensûr de "l'éternel sourire chinois"(2). Mais ceux de Hong Kong se rendent compte qu'ils sont misérables, pauvres : "le communisme est à deux pas (...) et avec lui ils cessent d'être heureux"(2). Ils regardent les occidentaux avec envie mais s'ils ne sont plus heureux c'est parce qu'ils veulent leur ressembler : "maintenant les chinois veulent devenir moderne et s'occupent d'avantage de fabriquer dans leurs usines des machines et des tracteurs"(1). Les chinois sont au service des occidentaux et la cohabitation se passe plutôt bien : "Tu joues avec le fils de la cuisinière? (...) Pourquoi? - Mais... parce qu'il est tout à fait gentil!"(1) Mais la vie est chère : "(...) une chambre pour dormir, pour manger, pour tout. Le cousin, beaucoup plus pauvre que lui, tailleur, pour coudre jolies robes. Toujours chercher travail, chercher, chercher. Pas travail, pas argent".(1) L'avenir de Hong Kong n'est donc pas la Chine mais l'Occident : "Les enfants occidentaux restent entre eux. Ca ne sert à rien d'apprendre le chinois, tous le monde parle anglais à Hong Kong".(1)
La nourriture quant à elle fait partie du décors de la ville. Ici, même si elle surprant ou dégoûte avec la viande de chien, elle est festive et inventive ; on est loin du bol de riz que nos héros moins chanceux mangent en Chine...
éthnies originaires d'Hong-Kong : cantonais et Hakka
UNE VILLE
Une ville moderne. Symbole de la démesure, de la vie trépidente et de l'argent facile. Nous sommes loin de la vision de la modernité chinoise. Elle représente l'avenir, au contraire des villes chinoises où les héros évoluent dans un décors historique, voir dans une époque antérieure.
Hong Kong fascine car tout y est possible ; le bien comme le pire s'y côtoient, pauvres et riches, tours d'acier et jungle tropicale.
"Ce n'est pas une ville mais une vraie foire grouillante, bruyante et odorante"(2), "il fait chaud et moite"(2), "bruits bizarres, proche de la jungle"(2); Mais il y a deux Hong Kong, ce qui permet toutes les aventures : Kowloon, le quartier misérable où "(...) des familles entières s'entassent dans des pièces minuscules, ou bien dans d'horribles huttes faites de morceaux de carton et de vieille féraille. Lorsqu'il pleut, le toit laisse passer l'eau et les enfants tombent malades". C'est le quartier chinois où l'on n'ose pas s'aventurer. Là où des clandestins comme Nien Kay essayent de survivre, parmi les trafiquants ; le quartier d'affaires, où de puissants financiers dirigent l'économie mondiale. Si généralement ils envoient leurs enfants aux Etats-Unis pour y être éduqué ("Loser's club", "le jour du dragon",...), ils gagnent très bien leur vie. Ce pouvoir de l'argent fascine tant que les héros évoluent souvent dans des récits fantastiques : dans "Coup de gong à Hong Kong", les financiers ont de super pouvoirs ; pire encore, elle est le lieu où le nouveau monde doit naitre dans "le jour du dragon".
métiers de rues à Hong-Kong
tout se mange à Hong-Kong
Mais si la ville est connue pour ses trafics d'argent et de drogue (titres cités ci-avant, mais aussi "Shirley et le rébus chinois"), c'est aussi la ville du jeu ("l'île du dragon pourpre") : "y a t-il une nuit à Hong-Kong? Une heure pour le repos? On pourait en douter en voyant la foule agglutinée à toutes heures dans les rues"(3). C'est une ville qui ne s'arrête jamais. Pierre Landais qui nous fait visiter Hong Kong termine son périple en Chine comme pour accentuer la différence : "Enfin la chine pure et verdoyante est là...Un brave paysan nous recueille dans sa charette tirée par un buffle"(4) L'on distingue bien alors la pauvreté financière des chinois de Hong Kong d'une Chine "ariérée".
FEMMES A HONG KONG
Curieusement, si la plus part des financiers sont des hommes -mais là encore il y a des exceptions ("Coup de gong à Hong Kong")- nos héros sont des héroïnes, même si elles sont aidées par des garçons. Dans la littérature des années 50 et 60, le rôle de la femme est très stéréotypé : ainsi, Sylvie accompagne son mari, devant se contenter des tâches domestiques et tombe amoureuse de "l'ennemi" bien trop facilement. Pourtant, nous sommes à Hong Kong et dans ces années là, seules certaines femmes s'y rendaient : Sylvie(2) mais aussi Shirley(5) sont des hôtesses de l'air et formées pour prendre des décisions et des risques. Même chez les chinois nous rencontrons Madame Tchou, une vieille et petite femme à qui l'on demande : "vous avez vraiment chassé des voleurs d'âmes toute votre vie? - Non, j'ai chassé beaucoup d'autres choses : des pirates, des trafiquants, des robots, des ex-maris et même un yéti une fois!"(6). On notera aussi la vie romancée d'une célèbre pirate chinoise sous le titre "La plus grande".
Une ville, un monde à part, isolé : en opposition à une Chine immense chargée d'histoire, Hong Kong voit venir à elle des héros singuliers, extraordinaires. On ne vient pas par hasard...
Hong Kong est donc un avant gôut, peut-être, de ce que nous prépare les aventures chinoises de demain, à la différence qu'elles ne seront peut-être pas occidentales, mais bien chinoises!
bibliographie
"A l'horizon" Chi Hoi éd. Atrabile
"Agathe et Louis à Hong Kong" E Deleplanque Ed. Clovis, 199-?
"Alice et le dragon de feu"
« Chilai Loo et le dragon chinois » Florence Marguerie In octavo, 2010
« Chine : regards croisés » (collectif) Casterman, 2009
"Coup de gong à Hong Kong" J Sauvard Magnard (les p'tits fantastiques), 2000
« L’Effet durian » Limousin Casterman, 2014
"L'enfer de Jade" Laï Tat Tat Wing éd. Casterman
"Escales Hong Kong, 1926" Kierzkowski Paquet, 2006
"Hijacking" Chi Hoi, Hongkee éd. Atrabile
« Hong Kong » Miroslaw Sasek Casterman, 2010
« Hong-Kong : année zéro » (collectif) PEMF, 19-
« Hong-Kong : cité déchue » Kwong Shing Lau Rue de l’échiquier, 2021
« Hong Kong : rendez-vous chinois » Denis Hiault Gallimard, 1997
« Hong-Kong : révolutions de notre temps » Ango, Lun Zhang Delcourt, 2023
"Hong Kong : Sha Li la petite secouriste" Entre deux rives, 2004 (4)
« Hong Kong song : nouveau départ pour une idol de K-pop » R B Owen K-world, 2023
"Hong Kong spirit" JC Deveney Soleil, 2009 (6)
"Hong Kong Story" A Thiollier Casterman (aventures), 1997
"Hong-Kong Triad" Parnotte série 3 vol. Soleil, 200-
« Ici radio-bambou » Martin Booth Gope, 2019
"L'île du dragon pourpre" E Lestier (aventures de Patrick Valmont) Hachette (bibliothèque verte), 1973
« Le jour du dragon » A. Horowirz Le livre de poche, 2003
"Line et Lou à Hong Kong" C Meffre Rouge et or(Dauphine), 1969 (1)
"Loser's club" J Lekirch Bayard, 2006
« McDull le petit cochon de Hong-Kong » Brain Tse P. Picquier, 2005
« Le maltais 6/ On peut toujours négocier » Loup Durand ?, 1991
« Mes carnets de Chine » Fu Ji Tsang Flammarion, 2002
"Nathie en Chine" LN Lavolle Gautier Languereau, 1962 (3)
« Nom de code Komiko 1/Dans la nuit de Hong-Kong » Paul Naomi Flammarion, 2012
« Pas de vacances pour Immense Savoir » Mark Salzman Ecoles des loisirs, 1992
« La plus grande » Davide Morosinotto Ecole des loisirs, 2023
"Pourquoi j'veux manger mon chien" Ah Ko éd. Casterman
« Qu’elle était bleue ma vallée : ballade dans une banlieue chinoise » Hok Tak Yeung Actes sud, 2007
« Rendez-vous à Hong-Kong » Huguette Pérol L’Amitié, 1983
"Shirley et le rébus chinois" E. Home-Gall G.P (spirale), 1970 (5)
"Spirit le dieu rocher" Li Chi Tak éd. Dargaud
« Spyder 1/ Ombres chinoises » Sébastien Latour Delcourt, 2011
"Sylvie à Hong Kong" René Philippe Marabout (mademoiselle), 1955 (2)
« Les saveurs du beton » Kei Lam Steinkis, 2021
"Tchang, le petit chinois de Hong-Kong" revue "Youpi", N°21, Juin 1990
« Tigresse blanche » (collectif) Dargaud, 19-20-
« Tout le monde a une maison » Ann Moris Circonflexe, 1993
« Un rayon de lumière dans la cité des ténèbres » Gope, 2021
"Vers la ville d'argent" G Whelan Castor poche Flammarion, 1997
« Vues d’ici » Joëlle Jolivet Naïve, 2007