LA VILLE EN COREE

VILLE EN COREE


LA VILLE EN COREE DU SUD

Au lendemain de la guerre, c'est un pays dévasté, ruiné et sans perspective d'avenir, dirigé d'une main de fer par des hommes souvent corrompus. Malgré tout, le peuple soudé, marqué par un esprit confucéen, saura, certes dans des conditions très dures, reconstruire le pays. D'un état pauvre, la Corée se transformera vite en un pays riche et moderne. Des cités entières voient le jour pour héberger une population démunie. A cette époque, on s'affaire au plus urgent...
Les jeunes générations n'ont pas connu cette époque ; nées dans une société de consommation, les jeunes coréens aspirent à plus de liberté, à de l'individualisme, aux loisirs... Ces cités regroupant des dizaines de tours identiques n'ont pas intégré ces options. La ville, gage de modernisme, d'avenir ne répond plus aux attentes des jeunes gens ; quant aux générations plus anciennes, elles sont empruntes à de la nostalgie.
La ville n'a donc aucun aspect positif... Les uns se souviennent du passé, s'évadent dans leurs souvenirs, enmènent leurs enfants à la campagne ; quant aux autres, leur imagination débordante transforme la ville

LA VILLE QUI FAIT PEUR

Dans "Il neige des couleurs", c'est un papa qui emmène son petit garçon sur la colline, à la sortie de la ville. Très rapidement, par le biais de jeux, ils s'évadent et s'inventent d'autres vies. Mais l'héroine reste la nature : ce sont des couleurs qui éclatent à chaque page. La ville reste en arrière plan, écrasée par la nature, tandis que les personnages, petits, se perdent dans les couleurs.


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Avec "l'escalier où le chat m'attends", là encore, c'est une colline, un obstacle qui demande un petit effort pour apprécier la nature. Une petite fille remarque, marche après marche, une multitude de petits détails. Mais on ne voit jamais la petite fille ni même l'escalier entièrement. La nature est omniprésente... A la dernière page, la petite fille observe la ville, mais de loin, comme protégée par la nature.

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"Les pommes d'or" relate la haine entre deux quartiers, suite à la dispute pour la propriété d'un pommier situé à la limite des deux quartiers... Un mur est construit pour séparer les deux secteurs. La haine est entretenue, de génération en génération. Mais la ville pousse tant qu'elle en devient lugubre, sombre, où le soleil ne peut pénétrer. Les habitants fuient...


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NOSTALGIE

"Le chant du ruisseau" est un exemple de cette génération nostalgique. L'homme, sage, se souvient de sa jeunesse, lorsqu'il s'amusait dans la nature, au bord du ruisseau et y pêchait aussi. Il évoque ses souvenirs à sa nièce et l'emmène en dehors de la ville : une ville sombre, malgré la multitude d'enseignes colorées, peu animée. La petite fille est convaincue que cette époque est merveilleuse... Mais cette évasion reste un secret, comme si être heureux en dehors de la ville était dangereux.


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Jae-Hong Kim évoque une jeunesse avec plein de nostalgie dans "Les enfants de la rivière" et s'interroge aussi : "Nos enfants et la nature sont si précieux. Comment allons nous les protéger?"


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ENFANTS ET VILLES

Les enfants sont précieux, comme la nature. Alors que la vie est harmonieuse au bord de l'eau, dans la montagne, que les enfants s'épanouissent, la ville elle, devient vite un enfer...
A une station de tramway, un petit garçon attend sa maman ("En attendant maman"), seul. Les gens sont pressés, ne prètent pas attention à lui. La ville est sombre, hostile, froide.


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Une jeune fille offre un parapluie à un mendiant alors que la pluie ne cesse de tomber. Quand le soleil revient, il a disparu, laissant le parapluie... ("le parapluie vert") elle remarque qu'il n'a même pas accepté son cadeau.


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OPPOSITION VILLE / NATURE

Dans ces deux albums, l'héroïne est la ville, sombre, froide, vue sous des angles hostiles : fils électriques, poteaux,... Mais surtout, comme souvent, la ville est présentée sous la pluie, la neige, dans la nuit ou en hiver, contrairement à la nature où l'automne est choisi pour mettre en valeur ses couleurs, en été pour que les enfants jouent dehors.
Dans la nature, l'adulte fait partager à l'enfant ses bons souvenirs, ses secrets, ses jeux. Dans la ville, l'enfant se retrouve seul. Il n'y a pas de communication possible.


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Tout s'oppose donc : relations humaines, météo, saisons,... dans une ville si hostile, on ne pense qu'à s'évader!

EVASION...

Dans de nombreux albums, les personnages tentent de s'évader de la ville :


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Yuni, seule dans sa chambre, va s'évader en observant un bocal... Mais l'on retrouve surtout deux formes d'évasions :

...PAR LE CIEL

Des enfants se réveillent un matin : il pleut, tout est triste... C'est avec leur petit déjeuner qu'ils vont s'évader! Les petits pains ressemblent à des nuages : ils sont si légers qu'ils s'envolent. En les attrapant au passage, les enfants volent au dessus de la ville et observent leur père, dans le bus, coincés dans les embouteillages... ("Les petit pains de nuage")


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Quant à Clara, elle joue, après avoir tenté de réveiller son père, en gonflant des ballons de baudruche dans la maison. Elle se retrouve bloquée à l'interieur car la maison s'est envolée... ("Quand tout s'envole")


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...PAR DESSOUS TERRE

M Moss vit dans une ville sinistre, où il ne connait personne. Il travaille dans une station de métro où il est chargé du nettoyage. Alors que les voyageurs se pleignent des mauvaises odeurs du tunnel, M Moss décide d'y planter des arbres... Peu de temps après, la nature s'engouffre dans la station, mais sort aussi dans la ville... ("Jardin en sous-sol")
Dans "Voyage au fond de l'océan", c'est grâce à l'imagination d'une petite fille que le métro va entrer au fond de l'océan...


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La violence dans l'oppisition ville/nature est à l'image de la société coréenne aujourd'hui. Elle en est le thème récurent de nombreux albums.

Il est à noté ue cette perception de la ville est vue par des auteurs et illustrateurs coréens...

"Le chant du ruisseau" Chae In-sun et Kim Dong-seong Chan'ok, 2009

"En attendant maman" Lee T'ae-jun et Kim Dong-sun Didier, 2007

"Les enfants de la rivière" Kim Jae-hong Portes du monde2005

"L'escalier où le chat attend" Yi Sang-hui et Tak Hye-jeong Picquier, 2008

"Grand chien blanc" Kim Min-ki et Kwon Mun-hee Renaissance d livre, 2004

"Il neige des couleurs" Lee Sang-kwen et Han Byungho Passage piétons, 2007

"Jardin en sous-sol" Jo Seon-kyeong Rouergue, 2007

"Le parapluie vert Yun Dong-jae et Kim Jae-hong Didier, 2008

"Les petits pains au nuage" Baek Hee-na Didier, 2004

"Les pommes d'or" Song Hee-jin Casterman, 2009

"Quand tout s'envole" Kank Yung-yeon et Shin Mia Mango, 2006

"Voyage au fond de l'océan" Hwang Eun-ah Chan'ok, 2007

"Yuni et Amélie" Lee Yun-kyeong Chan'ok, 2007