COREE / ETUDES (REVUE DES LIVRES POUR ENFNTS) -synthèse article-
La Corée (du sud) n'a jamais été aussi présente dans la littérature jeunesse qu'aujourd'hui : présente dans les collections, dans des éditions entièrement consacrées à ce pays ; mais ce sont surtout la richesse et la qualité des documents qui se distinguent dans la production jeunesse en général. Cependant, si la Chine continue à fasciner, à évoluer dans les livres, c'est aussi parce que tout le monde s'approprie cette culture, se l'imagine : illustrateurs, écrivains mais aussi lecteurs ; l'image de ce pays ne cesse d'évoluer et sa perception changer. La Corée se singularise par deux points essentiels : elle ne suscite pas encore la curiosité, l'envie, l'imaginaire du lecteur qui ne peut se projeter dans cet univers culturel, ce qui implique le deuxième point : ce n'est pas un échange, un partage culturel mais une proposition unique qui est donnée au lecteur : la Corée vue de France est une Corée coréenne..
La Revue des Livres pour Enfants, produite par le Département Jeunesse de la Bibliothèque Nationale propose un dossier très riche sur ce sujet. Je vous en propose une petite synthèse...
POURQUOI UN TEL ESSOR DU LIVRE ILLUSTRE DANS LE PAYSAGE EDITORIAL COREEN ? / LEE Hu-baek
Jusuq'aux années 80, le livre pour la jeunesse était destiné uniquement aux enfants. Mais la génération des "386" -ceux nés dans les années 60, l'équivalent de 68 en France- commencent à s' intéresser au design.
Années 90, des éditeurs coréens commencent à publier des formats albums et des traductions, mais ils n'ont pas de lieux pour les mettre en valeur, et il n'y avait qu'un seul grossiste : Seodang. En 1999 il existe 130 points de vente mais beaucoup moins maintenant avec la concurence des librairies en ligne. Chobang est un libraire réputé comme un centre de recherche par les illustrateurs. Donghwanara (pays des contes), seule librairie spécialisée pour la jeunesse crée un réseau d'une centaine de librairies et une dizaine d'éditeurs pour la diffusion. "Donghwa ilgneum eorcun" (l'adulte qui lit des livres pour enfants) a pour objectif de former et développer le regard critique des lecteurs et publie des sélections.
Renaissance de l'art populaire de la dynastie Joseon :
Les illustrateurs se sont inspiré de cet art de la fin du XIXème s., privilégié dans les albums des années 90. Cet art est très libre, comparé à d'autres époques, plus codées, plus rigides. S'étant propagé sur les paravents, il est devenu ensuite très populaire ; il se caractérise par un style libre, une atmosphère paisible et chaleureuse. Ces paravents étaient en quelque sorte des albums! leurs représentations étaient liées aux croyances populaires, à la nature. Cette liberté atistique n'a pas d'équivalence dans le monde à cette époque, représentant aussi des formes imaginaires et êtres fabuleux.
L'Age d'or des publications pour la jeunesse :
En Corée, on s'interesse peu à la littérature classique : la bibliothèque offre des titres récents ou des rééditions. Avant les années 80 ils n'étaient que peu conservés. Les éditeurs ne s'interessaient ni au graphisme, ni au design et il y avait peu de diversité. En noir et blanc avec une typographie simple et limitée. Les vignettes 10x10cm n'avaient que trois ou quatre couleurs.
Années 60 : l'âge d'or des manhwa : la génération des "386" a connu les cafés/manhwa (genre de bibliothèques privées gérées par les classes populaires), seul lieu de lecture à l'époque.
Si dans les années 2000 les librairies jeunesse n'exsitent plus, les bibliothèques jeunesses, elles, se développent.
Les premiers titres pour la jeunesse datent du début du XXème siècle, avec une évolution très contrastée selon l'histoire du pays et une nette progression à partir des années 60
ANNEES 1910-1945
L'urgence de former de futurs patriotes dans une Corée annexée par le Japon (1900-1920) fait paraitre des titres pour la jeunesse. En 1908, le magazine Sonyeon propose un éventail d'écrits ; mais la même année le Japon interdit toute publication scolaire en coréen. En 1922 cette interdiction est assouplie et l'enseignement du coréen est autorisé, ainsi que la publication de contes occidentaux et des traductions du japonais. Jeong-hwang Bang (1899-1931) a beaucoup fait pour le développement de la littérature jeunesse et publie en 1923 le premier numéro de la revue Eorini (enfant) ; suivent de nombreuses revues et adaptations de textes étrangers, puis des premiers poèmes (4 points et demi). En 1938 le coréen est de nouveau interdit et les jeunes enfants ne parlent plus que le japonais.
ANNEES 1945-1950
Avec l'indépendance en 1945, c'est une liberté d'expression mais freinée par le manque de moyens. Le gouvernement accélère la publications de manuels coréens. En 1949 paraissent des revues dont (eorini nara : pays des enfants). Nombreuses rééditions et traductions, pour éviter les chers droits d'auteurs, dont la poésie, plus facille pour un lectorat japonisant dont "nos chant", premier album coréen.
1950 : Guerre entre les Corées
1950-1953 : livres de propagande anti-communistes.
1960-1970
Croissance économique et règne militaire, baisse de natalité et meilleure prise en charge de l'éducation des enfants. Naissance de la classe moyenne ayant accès à la culture.
1952 : accès gratuit à l'école primaire ; 1960 : mise en place d'une bibliothèque dans chaque classe ; 1969 : suppression de l'examen pour entrer au collège ; moins de pression, plus de lecture et de loisirs.
Développement des collections encyclopédiques en littérature ; 1958 : démarchage à domicile pour la vente de ces collections.
Si avant les quelques auteurs pour la jeunesse tentent de donner -de manière très naïve- des lectures optimistes aux enfants vivant dans des conditions difficiles, comme So-Chun Kang, les années 70 changent avec Won-Soo-Lee reflétant la vie réelle des enfants, même s'il y a toujours un happy end, avec un regard critique sur la pauvreté et l'injustice sociale. Mais cette littérature est reconnue dans les années 90 (fin du régime militaire). En 1977, la maison Changbi propose des livres pour la jeunesse et pour la prelmière fois, des titres uniques (hors collection encyclopédique).
Les publications en série, ou collections, sont toujours courantes aujourd'hui.
années 80
En 80, la Corée présnete des livres d'images dans un festival mondial. La critique est sévère : documents à visée pédagogique, sans originalité. A partir de ces années aussi, le bébé lecteur représente une part importante et interesse les éditeurs. L'enseignement pré-élémentaire est envisagé. Face à une demande très forte beaucoup de livres sont traduits (Walt Disney,...) Il existe malgré tout deux collections de contes coréens adaptés (Picheobuka : livres d'images amusantes, éd. Eomungak) et Gueurim nara 100 seon (pays d'images en 100 volumes) ; cette dernière comprend aussi des traductions faute d'auteurs pour la jeunesse : ce sont des auteurs/illustrateurs adultes qui les réalisent. Certains s'adaptent à la littérature jeunesse : Uoo-gyung Lee (1923-1998) et Sung-Chan Hong (1929- ...) ; d'autres se forment : Jae-soo Ryu (1954- ...) qui fera "histoire du Mont Baek-Du histoire de la Corée" qui sera le premier album coréen.
années 90
Fin du régime militaire et révision de la loi sur le droit d'auteur, associations pour la promotion de la lecture, modification de l'examen d'entrée à l'université. On commence à s'intéresser à la tradition coréenne après l'influence japonaise et américaine. Réforme du droit d'auteur et soutien des associations : Eorini doseo yeun-guhae fait redécouvrir les oeuvres de Won-soo Lee et Jeong-saeng Kwon, et de nombreuses rééditions de poèmes (Popo du chiot éd. Paquet). Les classiques sont réédités sous forme d'album ; l'association influence aussi les parents quand il est dit que pour réussir sa scolarité, l'enfant ne doit pas lire que des livres scolaires.
PETITE HISTOIRE DU MANHWA
Premier titre : Saphwa parait en 1909 dans un quotidien puis, en série, publié en publication dans un journal en 1924 ("les vains efforts d'un idiot" /Su-hyeon No) Si la production diminue dans les années 40, les manhwa de propagande se multiplient. Après 45 (séparation des deux Corées), un nouveau souffle et arrive la première revue spécialisée. Yong-hwan Kim développe cet art. Puis des publications paraissent sur le thème de la guerre (anti-communiste). Dans la deuxième moitié des années cinquante sont crééent plusieurs revues pour enfants et stimulent le marché.
années 60
Fin des années 50 se développent les manhwa-cafés et les lecteurs lisent facilement ces publications malgré la censure, dont les auteurs Kin Jong-rac, Eom Hue-ja, Oh Myeung-cheon, Park Cri-dang, Im Chang. On trouve tous les genres mais ces publications sont surtout faites pour les manhwa-cafés et il y a peu de bonnes créations.
années 70
Pendant cette période d'oppression, la lecture des manhwa (surtout adultes) est très demandée et l'on trouve dans la presse des auteurs comme Go U-yeong, Kang Cheol-su, Park Su-dong.
années 80
Malgré la dictature en place, les années 80 sont l'âge d'or des manhwa populaires. En 82 est créé le magazine pour enfants Bomulseom (l'île au trésor) qui publie de gros succès et se multiplient les manhwa-cafés. Plus que jamais, dans la deuxième partie des années 80, le manhwa est le mode d'expression et de contestation. Si le manga -japonais- débarque seulement à la fin des années 80, il a déjà influencé le manhwa qui, dans les années 90, sera le modèle de nombreuses revues.
années 90
La culture est très prisée dans le nouveau gouvernement. Le manhwa est plus expérimental, plus proche de la réalité et de meilleur qualité. Internet se développe et le travail des artistes aussi. Le gouvernement encourage la création (lycées spécialisés, festivals,...).
Aujourd'hui
Le marché du manhwa est en crise, dû à l'explosion des supports numériques. Les coréens s'interessent de plus en plus au manhwa éducatif pour enfant et cette industrie vise plus la rentabilité que la qualité.
EDITION POUR LA JEUNESSE /Myung-hee LEE et Mi-houa HAN
Le marché du livre coréen occupe le 7ème rang mondial (avec 50% de part pour la jeunesse) ; le secteur jeunesse occupe le 3ème rang mondial. Mais c'est aussi le meilleur pays au niveau de la scolarisation (collège, lycée), où la priorité est à l'éducation et au respect du savoir. Le livre a toujours été très présent en Corée, précurseur de l'imprimerie. L'âge d'or pour le livre jeunesse a commencé par des traductions d'albums étrangers et a donc un retard certain dans les années 90 sur les autres pays. Vers 1992, un éditeur jeunesse édite 35 titres français. Un livre (japonais) sur les livres pour enfants eu un tel succès que tous les titres cités dans cet ouvrage sont restés des best sellers, soit près de 90% de la production.
Dans les années 2000 sont crées des petites maisons d'édition : Chobang, Jaimimage, Bori, Gilbut et presque toutes les maisons d'éditions ont leurs publications jeunesse. Elles sont devenues aussi spécialisées en jeunesse et plus compétitives pour acheter les droits : actuellement plus de mille auteurs/illustrateurs spécialisés.
PRINCIPAUX EDITEURS
Depuis quelques années les éditeurs jeunesse ne se spécialisent plus et proposent manuels scolaires, manhwua, docs,... rendant leur spécificité plus floue.
Généralistes :
BIRYONGO, le plus important pour la jeunesse, ayant beaucoup de traductions, et publie aussi des albums, romans pour ados.
SIGONG JUNIOR Publie de nombreuses traductions d'albums célèbres et depuis quelques années des auteurs coréens.
SAKYEJUL publie dans le domaine des sciences humaines (histoire surtout), publie aussi pour la jeunesse des albums traditionnels.
CHANGBI Créé en 1977 avec une collection jeunesse de référence, dont certains sont traduits en français ("le parapluie vert", "quatre points et demi", "bonne nuit mon tout petit",...)
GROUPE WOONG JIN THING BIG avec en 1984 de la vente à domicile de parascolaire puis de livres à l'unité, en collaboration avec l'éditeur anglais Pingin books et depuis 2009 avec aussi un éditeur chinois.
EDITEURS SPECIALISES DANS L'ALBUM
CHOBANG CHAEKBANG Première librairie à se spécialiser dans la jeunesse ; peu de titres mais des albums de qualité, entre autre sur la Corée traditionnelle (publie "Ticket ville")
JAIMINAGE Petite maison à la pointe dans l'album (publie "quelle coquine cette lapine")
MARUBOL Contribue au développement de la culture, avec la traduction d'auteurs comme Lionni, Zwerger et dans les années 90 des albums demandant plus de réflexions.
BORI Publie aussi ses propres titres avec des thématiques, comme la nature.
BORIM Dès 1995, elle vend des titres à l'unité, publie des traductions et des créations de qualité et esthétique ("le jour où il a plu", "jardin en sous-sol", "retour à la forêt")
GILBUT CHILDREN Reconnue après avoir adapté en album de grands textes ("popo du chiot", "l'averse"), de sensibilité coréenne ("Sori et la lune d'automne", "Ma maison en Corée", "Bonne nuit les râtons laveurs")
YEOWON MEDIA Surtout des collections de vente à domicile mais se diversifie.
on retiendra aussi :
CHODUNG GUIN travail soigné ("les petits peintres nus", "l'oiseau noir"), etc...
ROMANS ENFANTS/ADOS ET MANHWA
La plupart des éditeurs publient plus de romans que d'albums.
Baramui Aideul (séries ciblées par tranches d'âges), Moonji kids (jeunes auteurs), Nateunsan, Uriedu, Sanha
LE MANHWA (pour enfants)
Gros secteur... les nombreuses adaptations (mythologie,...) se vendent très bien
I SEOM Les plus remarquables, avec des classiques chinois
OWLBOOK spécialisé dans l'économie, publie des manhwa pour apprendre le chinois
YEARIMDANG Connu pour la série "Why?" (vilgarisation des connaissances)
GIMMYOUNGSA Très prolifique, série culte sur le thème des métiers
SUITE BIENTÔT !!!