MICHAUD Jean-Marie
Je suis né en 1966 et j'ai passé toute mon enfance en Corse, terre maternelle, avant de "monter" à Paris pour y poursuivre mes études.
Tombé tout petit dans le chaudron du dessin puis de la BD, que j'ai découvert à travers des auteurs tels que Derib, Hermann ou Giraud, c'est tout naturellement que je me suis orienté vers des études artistiques, et ai intégré l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, en image imprimée.
Mon diplôme en poche, j'ai eu la chance de signer rapidement une trilogie (Le Pays Miroir) pour la collection "Génération Dargaud", sur un scénario primé de mon ami Claude Carré. Une vingtaine d'albums ont suivi (De Profundis, La Dernière Fée du Pays d'Arvor, La Saison de la Couloeuvre...), chez différents éditeurs, parallèlement à l'illustration d'ouvrages pour la jeunesse.
En 2012, la rencontre avec Alan Simon m'a permis de me plonger avec délice dans l'univers magique et poétique des Buggels Noz.. (présentation par l'auteur)
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"LE MAHABHARATA" Ed. Hozhoni, 2019
- Nous vous connaissons entre autre pour vos BD en lien avec l’histoire. S’attaquer au Mahâbharâta cela ne vous a pas fait peur ? Comment est né ce projet ?
C’est une proposition de l’éditeur qui connaissait mon travail et mon goût pour les cultures anciennes et particulièrement asiatiques. Je connaissais le Mahabharata en ayant lu une version illustrée dans mon enfance. Un brin d’inconscience et l’enthousiasme d’aborder une telle aventure m’ont donné envie d’accepter le défi.
- Comment avez-vous collaboré avec J C Carrière et l’éditeur ? Ce dernier vous a t-il laissé « carte blanche » pour ce projet ?
La première démarche était de trouver une version sur laquelle travailler comme base de scénario . (je n’avais pas trop l’intention de faire appel à un scénariste « mercenaire ».) Je suis très vite tombé sur la version » roman" de JC Carrière , adaptation de sa propre pièce de théâtre de 1985 . Il m’est apparu immédiatement que cela ferait un scénario idéal . Je n’avais qu’à « découper" le travail de JC Carrière pour le transformer en story board . Il ne restait plus qu’à lui demander son autorisation . Ce qu’il nous a donné avec une grande gentillesse lors d’une rencontre chez lui à Paris. J’ai compris que j’avais « carte blanche « et 3 ans plus tard , mon éditeur lui a envoyé la maquette du livre avant impression: Il était surpris (il avait un peu oublié :) ) et a semblé ravi de ma version très fidèle quant à la narration et aux dialogues qui sont totalement de lui, et enthousiaste quant à la liberté de mon interprétation graphique (découpage, personnages, décors et graphisme) que j’assume entièrement .
- Quelles étaient vos connaissances de cette épopée en particulier et de la culture indienne en général ?
Je connaissais l’histoire du Mahabharata et l’esthétique indienne ne m’était pas complètement étrangère bien que personnellement, j’étais plus sensibilisé aux arts traditionnels extrêmes orientaux. Après ces trois ans, j’ai pris goût à l’art indien : miniatures, architectures etc…un monde incroyable!!
- N’avez-vous pas été tenté d’introduire plus de folklore, de couleurs indiens dans votre dessin ? Comment avez-vous travaillé sur l’aspect des personnages, des décors ?
Bonne question!! Au départ, mon idée était de m’approprier complètement l’esthétique, de faire une version disons plus » héroïc fantaisy « une version décalée (le fond étant universel, je n’y voyais pas de crime de lèse majesté…), mais mon éditeur a insisté dès le départ pour garder une forte connotation indienne. Je lui en suis reconnaissant a posteriori.
Le résultat est donc le fruit de cette « tension » amicale entre ces 2 points de vue. Les personnages devaient avant tout se singulariser les uns des autres (16 personnages principaux!!) en leur donnant une physionomie en rapport avec leur rôle et leur psychologie respectifs. Pour les décors, c’est une Inde à la fois disparate, fantasmée et « trans-historique » que j’ai composée. Les puristes auront de forte chance de s’étrangler devant mes libertés prises, mais l’aspect anhistorique et universel de cette épopée me préserve, je l’espère, de toute critique trop sévère !!
- Les arts martiaux que vous pratiquez ont-ils eu un impact sur votre travail ?
Les arts martiaux m’obligent à voir du monde, me permettent de me défouler et d’avoir une vie sociale, et m’apprennent à me tenir droit. C’est le cadre de mon existence corporelle et une grande partie de ma vie relationnelle (si l’on excepte le vie familiale, source de tout équilibre pour moi).
- Comment fait-on pour non seulement faire entrer un si long texte dans 442 pages mais en plus le découper en cases ?
On aime la BD, (raconter des histoires en image et en texte, forme hybride et mineure d’art mais moyen d’expression très souple et très pertinent), ce qui est mon cas depuis mes 8 ou 9 ans ...
- Avez-vous conscience de permettre à de très nombreux lecteurs de découvrir l’un des textes indiens les plus connus ? … et à de nombreux indiens d’en découvrir une « nouvelle version » ?
C’est cela qui m’a motivé sur le fond pendant ces 3 ans et c’est cette possibilité (- en toute modestie devant l’abondance des versions extraordinaires qui nous ont précédés-) qui me fait assumer mon travail sans trop rougir devant mon impertinence!!!
- Avez-vous dû changer, renoncer, modifier certains points de votre projet pour des raisons techniques ou non acceptables pour un format BD ?
Pas par rapport au texte de JC Carrière. J’aurais simplement aimé faire 150 pages de plus si mon éditeur m’avait laissé 2 ans de plus!!
- Quand on arrive à un tel travail… Y a t-il maintenant encore des adaptations qui vous sembleraient impossibles ? Un défi qui vous tenterait ?
Je cherche des idées à la mesure de ce projet! Je suis preneur de toutes bonnes idées!
- Quel personnage, folklore ou période historique de l’Inde vous semblerait intéressant à traiter, en tant qu’illustrateur ou lecteur ?
Je ne suis pas, loin s’en faut, un spécialiste de l’histoire indienne mais il me semble que ce pays continent pourrait me donner de l’inspiration jusqu’à la fin de mes jours !!! Le Taj Mahal , Gandhi , La mythologie , le Ramayana etc...
- Pouvez-vous nous parler de vos projets ?
Après le Mahabharata, je redescends sur terre en espérant qu’une idée aussi immense va se dévoiler à moi. A moi d’ouvrir mes yeux, et mes oreilles.