ALARCON Franckie
Né à Brest en 1974, Franckie Alarcon attrape très jeune le virus du dessin et étudie les arts graphiques à Nantes. À partir de 1996, il exerce le métier de graphiste en agence de communication visuelle à Paris puis à Rennes.
En 2004, il devient illustrateur et décide de faire sa première bande dessinée, « Lovely Trouble », qui sera éditée aux éditions Glénat. Depuis, il ne lâche plus ses crayons et partage son temps entre l’illustration et la bande dessinée !
Inspiré par la mode, le septième art, la bande dessinée et la cuisine, il a illustré un ouvrage documentaire sur les métiers du cinéma, puis sur les métiers de la cuisine (aux éditions Milan). Depuis, la gastronomie s’est invitée régulièrement dans ses livres : dans le coffret Te fiche pas de moi, je cuisine! et surtout dans la BD « Les secrets du chocolat- Voyage gourmand dans l’atelier de Jacques Genin ». Ouvrage édité chez Delcourt pour lequel il a suivi pendant un an le quotidien du fondeur en chocolat parisien. (blog de l'auteur)
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1 – Comment avez-vous commencé votre collaboration avec Delcourt ?
C’est David Chauvel qui m’a contacté en 2007 pour faire une BD documentaire sur les essais nucléaires français. L’occasion de travailler avec David et les éditions Delcourt m’a donné envie de faire cet album, qui était sur un sujet très éloigné des projets sur lesquels je travaille d’habitude.
2 – La gastronomie est une passion pour vous ? Souhaiteriez-vous développer cette collection BD-documentaire, quelles thématiques culinaires vous tiennent le plus à coeur ?
Oui, depuis tout petit je suis curieux de cuisine. Et si je n’avais pas fait des études d’arts, je serai parti dans une formation de cuisinier.
C’est tout naturellement que la gastronomie s’est retrouvée dans mon travail, avec un premier livre sur les métiers de la cuisine aux éditions Milan. C’est là que j’ai rencontré une foule de professionnels passionnants, surtout Jacques Genin avec qui j’ai fait la BD les Secrets du chocolat par la suite.
En fait chaque livre me permet de faire des rencontres et ça finit avec un nouveau projet de livre.
Mais je ne suis pas fermé sur la gastronomie, je travaille beaucoup comme illustrateur pour la mode, et j’ai très envie de faire une BD avec un créateur Français !
3 – Que vouliez-vous présenter de la gastronomie japonaise à travers cette BD ? Quel lectorat souhaitez-vous toucher ?
Je souhaitais présenter des recettes mais sans vraiment savoir à qui cela s’adresserai. J’ai été surpris car je pensais toucher un lectorat plutôt éclairé et contrairement à mon précédent livre sur le chocolat pourtant plus fédérateur, c’est un public très varié qui s’y est intéressé et de tout âge, les plus jeunes ayant une dizaine d’années. Avant tout des gens curieux de la culture japonaise.
4 – Avant de voyager quelle place occupait la culture japonaise pour vous?
C’est une vraie découverte pour moi : je n’ avais qu’ une culture commune et populaire du Japon à travers les dessins animés de mon enfance. Je n’ étais pas un mordu des animés mais la gastronomie y est très présente. Plus tard, j’ai pu apprécier le cinéma japonais, comme les films de Kitano.
5 – Pourquoi avez-vous orienté précisément votre recherche sur les sushis, plutôt que la cuisine, en général au Japon ? Aviez-vous mesuré toute l’étendue de ces variétés et préparations des sushis avant de le découvrir au Japon ?
Le sushi, avec le chocolat est une passion. Avant tout, il y a un point commun avec la Bretagne où j’ai vécu. Habitué à voir des plateaux de fruits de mer, je me suis étonné de l’inventivité des japonais dans la présentation et préparation des fruits de mer, des points communs entre les produits japonais et bretons, comme les algues, le sarrasin, même si nous n’exploitons pas tous les produits de la mer en France. J'étais curieux d'en apprnedre plus sur leur façon de travailler ces prodits.
6 – Comment avez-vous préparé ce voyage et ces rencontres ?
Même si j’avais, par mes travaux et livres précédents fréquenté le milieu de la gastronomie, le contact avec les japonais est bien moins évident. J’ai commencé à explorer quelques pistes en Bretagne, parmi mes contacts mais je pensais en trouver facilement d’autres au Japon. Ma femme étant journaliste, cela a été une aide précieuse pour présenter mon projet ; nous avons été à l’ office du tourisme japonais de Paris mais, malgré un bon accueil nous n’ avons pas eu d’ ouverture de leur côté, de même du côté de cuisiniers. C’est dans une célèbre épicerie japonaise parisienne que nous avons enfin pu avoir des contacts intéressants. Rika Shibata qui m’a permis de travailler grâce à ses photos, a été aussi de bon conseil et surtout traductrice. Sur place cela a été difficile aussi ; par exemple, contrairemet à nos usages français, nous devions nous offrir notre repas pour apprécier les plats et nepouvions pas les photographier tout en les appréciant.
7 – Comment les japonais ont-ils reçu votre travail ?
Je suis curieux d’avoir des retours mais le livre n’ étant pas encore traduit il est plus difficile pour les japonais de l’apprécier. Cependant l’ un des restaurants qui a collaboré a proposé une petite exposition de planches d’illustrations qui se sont bien vendues. De même, je n’ai pas eu de retour négatif en France et sachant que j’étais attendu par les connaisseurs du sujet, c’est plutôt une bonne nouvelle.
8 – Comment avez-vous travaillé pour restituer avec minutie toutes les préparations et recettes ?
J’ai travaillé essentiellement sur photo car la préparation et l’ exécution des recettes étaient bien trop rapides ; de même nous ne pouvions pas prendre des photographies lors des repas. J'ai donc pu faire mes dessins tranquillement à partir des photos prises.
9 – La pêche, la préparation du poisson, l’art de manger les sushis ont autant d’importance que la recette : qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? Le sushi, plus qu’une recette de cuisine est un art de vivre à la japonaise… selon vos observations, vos échanges avec les maitres-sushis, est-ce un art en perdition, réservé à une élite ou les jeunes japonais sont-ils toujours connaisseurs et exigeants?
Ce qui m’ a avant tout frappé, c’est la gestuelle : chaque chef, type de restauration et génération a ses propres recettes mais l’on retrouve toujours la même gestuelle, aussi rapide que précise. Le restaurant traditionnel pour savourer des sushis est peut-être en perdition, avant tout parce qu’il est très onéreux. Cependant, même si l’on retrouve des bars à sushis, des fast-foods de mauvaise qualité, les chefs s’ ouvrent de plus en plus à la gastronomie étrangère en associant d ’autres ingrédients, inventant de nouvelles recettes qui les rendent aussi imaginatives que bonnes, à moindre frais. Mais surtout, les jeunes chefs communiquent, parlent de leur art sur les différents réseaux sociaux, ce qui les rend toujours aussi attractifs.
10 - Pouvez-vous nous parler de vos projets ?
Je souhaite vraiment faire d’autres livres sur le Japon, sur la gastronomie mais aussi sur le kimono.
Cela prend du temps aussi, pour trouver tous les contacts. Je travaille actuellement sur un livre de gastronomie mais cette fois sur le continent européen…