HEURTIER Annelise
Après des études plutôt classiques (classe préparatoire puis école de commerce)1, elle commence à travailler dès 2002 dans le marketing et la communication. Pendant plusieurs années, l'écriture est un hobby qu'elle pratique sur son temps libre.
En 2011, à la faveur d'un déménagement en Polynésie, elle abandonne sa carrière salariée pour se consacrer entièrement à l'écriture.
Elle écrit pour des publics variés, des premières lectures jusqu'aux romans pour adolescents et jeunes adultes. Souvent inspirés de faits réels (les kumaris au Népal, les Neuf de Little Rock, le handicap, l'émancipation féminine à travers la course à pied, les migrants érythréens, les bidonvilles d'Oulan-Bator...), ses romans sont autant de prétexte au voyage, à la découverte de cultures différentes et de parcours de vie singuliers.
Son roman Sweet Sixteen, paru chez Casterman en 2013, a reçu en peu de temps un accueil exceptionnel2. Il a fait partie d'une trentaine de sélections à des prix littéraires3, et a notamment remporté le Prix NRP de littérature jeunesse 2014. Aujourd'hui, il est étudié dans de nombreux collèges et lycées et fait partie, tout comme Refuges4 (qui revient sur les destinées des migrants ralliant l'Europe depuis la Corne de l'Afrique), de la liste des ouvrages recommandés par le Ministère de l'Éducation nationale5. (Wikipedia)
suivre l'actualité de Annelise Heurtier (cliquez ici)
A propos de son roman "CHERE FUBUKI KATANA" Ed. Casetrman, 2019
1 – Vous avez fait de longues études pas vraiment littéraires : qu’est-ce qui vous a menée vers l’écriture, et pour la jeunesse ?
C’est certainement la lecture qui m’a donné le goût des mots. J’ai toujours adoré lire, toute petite déjà. J’aimais écrire également, et j'attendais avec impatience le jour de la rédaction ! Pour autant, jamais je n’ai pensé à devenir moi-même écrivain. Je ne l'envisageais pas comme un métier. Je ne sais pas comment je l'envisageais, d'ailleurs...Pour moi, les auteurs étaient surtout...morts. Ou inacessibles. Des gens "étranges", au-delà du commun des mortels !
J’ai donc entamé des études plutôt classiques, pas vraiment créatives : un bac S suivi d’une prépa HEC et une école de commerce. J’ai commencé à travailler dans le marketing, la communication avant de travailler dans une chambre de métiers.
Le déclic est arrivé il y a une quinzaine d’années, grâce à mon conjoint qui est tombé, par hasard, sur une histoire que j’avais écrite pour une petite nièce. Je le revois me dire, étonné : « Tu devrais écrire des bouquins pour les enfants… ». J’ai éclaté de rire. Mais c’est ainsi que cela a commencé !
Pendant dix ans, j’ai donc mené de front l’écriture et le travail…et les maternités (enfin, 2 seulement). En 2011, nous avons emménagé à Tahiti et j’ai profité de ce changement de décor pour faire une pause dans ma « carrière » professionnelle. Je suis passée de 1H par semaine pour écrire à 5 par jour ! Forcément, cela ouvre des possibles...
Depuis, nous sommes revenus de Tahiti mais je n'ai pas repris d'emploi salarié. Je suis maintenant auteur à plein temps.
2 – Des auteurs vous ont-ils influencée, quels sont vos souvenirs de lectures d’enfance ?
D'abord Roald Dahl, puis Zola... Quand j'étais petite (dans les années 80), la littérature de jeunesse n'était pas aussi foisonnante qu'aujourd'hui, et entre les livres pour enfants et les livres pour adultes, il y avait un vide assez conséquent.
3 - A travers vos différents textes, vous abordez de nombreux problèmes sociétaux, plus ou moins tabous, comme l'anorexie, le harcèlement... qu'est-ce qui vous donne envie de traiter ces sujets plutôt que des récits d'aventures par exemple? Peut-on parler de tout avec les enfants?
J'écris sur des sujets qui m'interpellent en tant que personne. Je me pose des questions sur le monde dans lequel nous vivons, et j'aime à penser que mes lecteurs s'interrogent aussi, via mes livres ! Je ne suis pas là pour faire passer des messages (qui peut avoir cette prétention ?) mais simplement pour que chacun puisse avancer sur son propre chemin.
Je ne crois pas qu'on puisse parler de tout avec des enfants, en tous cas pas avec des "petits". Le monde est souvent dur, et en tant que maman, je crois qu'il y a des sujets qu'il n'est pas besoin d'aborder avant un certain âge, avant que les enfants aient la "maturité" suffisante pour les digérer. Les sources d'angoisse sont déjà assez nombreuses pour les enfants sans qu'il soit besoin d'en rajouter inutilement, je crois. Bien sûr, quand ils grandissent, c'est différent. Et c'est à nous, adultes, de les aider, de les inciter à s'ouvrir progressivement au monde pour tenter de le décoder. Je rencontre trop de jeunes qui sont totalement ignorants du monde qui les entoure, quel gâchis...Pour ma part, j'essaie de discuter de beaucoup de sujets de société avec mes enfants. Ils sont également abonnés à beaucoup de revues.
4 – Ce n’est pas votre premier roman en lien avec l’Asie : quelles sont vos affinités avec ce continent et plus particulièrement avec le Japon ?
Le Japon est un pays qui me fascine...ce n'est pas très original ! Mes six mois de recherches documentaires ont été passionnants et j'ai hâte de pouvoir me rendre sur place, maintenant que je pense avoir compris certaines choses sur cette société si différente de la nôtre.
5 – Vos personnages de Chère Fubuki Katana sont des japonais vivants dans le Japon contemporain ; comment avez-vous travaillé pour coller à la société nippone ?
J'ai beaucoup travaillé, lu beaucoup de romans, d'essais, visionné des reportages, des films, des carnets de voyage...C'était passionnant mais un peu stressant, j'avais peur de tomber "à côté".
6 – Aviez-vous une idée précise du développement de votre récit avant vos recherches ou ce sont-elles imposées au fil de vos découvertes de la société japonaise ?
Avant de commencer mes recherches, j'avais une image assez globale de mon scénario. Mais certains points - notamment la question des Burakumin - se sont imposés au fil de mes découvertes, en effet.
7 – Qu’est-ce qui vous a le plus étonnée ou marquée dans la société japonaise ?
Le contraste entre la maîtrise de soi que chacun doit respecter (le fait de ne pas montrer ses émotions sur son visage ou par son discours) , et la manière dont elles peuvent s'exprimer autrement : le raffinement extrème des estampes, de la gastronomie, de l'architecture, de la vie quotidienne...
J'ai aussi été admirative du rapport qu'entretiennent les japonais avec leur environnement, la nature qu'ils respectent infiniment alors qu'en occident, nous sommes plus dans un rapport de maîtrise, de possession.
8 – Vous avez échangé avec des enfants : comment ont-ils réagit à cette découverte de la société nippone à travers votre roman, assez loin finalement de l’univers manga ?
Les réactions ont été variées. Peu connaissent le sujet des Burakumin (ce qui peut paraitre normal, tant il s'agit d'un tabou). Pour le reste, certains élèves sont tellement passionnés par le Japon qu'ils se sont retrouvés dans un environnement familier :-)
9 – Ce "voyage" au Japon vous a-t-il donné envie d’écrire d’autres histoires sur ce pays ?
Je pense qu'il y aurait matière en effet à inventer d'autres scénarii ! Mais il y a tellement de pays intéressants...je préfère varier les plaisirs.
10 – Pouvez-vous nous parler de vos projets ?
Je viens de terminer un docu-roman sur la mythologie, quelque chose d'un peu décalé.
Pour les mois qui viennent, je vais essayer de trouver un sujet pour un prochain roman ado ! Si vous avez des idées....;-)