BAI HAI
"BAI HAI ET LES COQUILLAGES MERVEILLEUX" / Texte de Xia Qing ; ill. de Yang Yongqing Ed. Zhaohua, 1982
Il y a bien longtemps, vivaient deux frères au bord de la mer. L'aîné s'appelait Bai Shan, le cadet, Bai Hai. Tous les deux étaient pêcheurs et menaient ensemble une vie paisible. Par malheur, Bai Shan fut atteint d'un goître et le cadet se vit obligé d'aller travailler seul en mer. Un jour que Bai Hai avait canoté de longues heures sans prendre un seul poisson, il lança son filet pour la dernière fois. Hélas, il n'en retira qu'un pauvre petit coquillage.
Tout à coup, le coquillage s'ouvrit, et voilà qu'apparut une petite fille, très belle. "Qui es-tu?", demanda Bai Hai, étonné. "Je m'appelle Septième-Soeur, répondit la fillette, "je m'amusais avec mes six soeurs aînées, mais je me suis égarée. Frère pêcheur, veux-tu m'aider à retrouver mon chemin?"
Bai Hai la porta alors à l'endroit qu'elle lui désigna et la remit à l'eau. "Merci, au revoir", dit la fillette. Puis elle disparut. Bai Hai retourna vers son bateau et s'apprêtait à rentrer, quand, tout à coup, il entendit crier : "Attends, Frère pêcheur!" C'est alors qu'il vit la fillette et ses soeurs s'approcher de lui.
Elles prirent chacune une perle et en firent cadeau à Bai Hai. Mais Bai Hai refusa tout net : "Je ne puis accepter un tel présent".
Les coquillages merveilleux se mirent à rire et lui expliquèrent que ces perles avaient le pouvoir de guérir le goître. "Alors, d'accord, je les prends et je vous remercie beaucoup", dit Bai Hai avec gaieté.
De retour chez lui, Bai Hai fit de ces perles un collier et le passa autour de cou de son frère. Oh miracle! Le goître de Bai Shan disparut comme par enchantement. Les deux frères furent au comble de la joie.
Sachant ce qui s'est passé, tous les malades du village vinrent trouver Bai Hai pour être guéris. Mais Bai Shan lui conseilla de leur réclamer de l'argent. Bai Hai refusa cette proposition et il accrocha même une affiche à la porte de sa maison sur laquelle il écrivit : "Bai Hai soigne gratuitement".
Bai Shan était ainsi très occupé et il devait pêcher la nuit. Mais, chose étonnante, sa récolte de poissons était toujours très abondante ; ce qu'il prenait alors dans un ou deux filets dépassait les prises d'une journée d'autrefois. Une nuit, pour en avoir le coeur net, il plongea dans la mer et découvrit que les sept soeurs attiraient les poissons dans son filet.
Un jour, Bai Shan accourut vers son frère et lui dit : "l'empereur souffre aussi d'un goître et déclare qu'il donnera mille taëls d'or et de hautes fonctions à celui qui pourra le guérir." Bai Hai répondit : "Je ne veux ni or ni hautes fonctions, je désire seulement soigner les gens". Mais Bai Shan lui déroba le collier de perles et courut en ville pour voir l'empereur.
Bai Hai poursuivit son frère. A l'entrée de la ville, il rencontra un cortège. Ha! Bai Shan était là! Il lui barra la route et lui demanda le collier. "Je l'ai remis à l'empereur dit l'aîné" "Retourne le chercher" "Je n'ose pas"
Alors Bai Hai se rendit lui-même à la cour impériale et réclama le collier de perles à l'empereur. "Je vais lancer une aiguille dans la mer et si tu arrives à la repêcher, je te rendrai le collier, sinon, je te tuerai" dit l'empereur.
Bai Hai plongea aussitôt jusqu'au fond de la mer. Dans une mer si vaste, comment et où chercher une petite aiguille?
C'est alors qu'apparaissait subitement les Sept-Soeurs-Coquillages et elles se mirent à chercher l'aiguille avec Bai Hai. Enfin, Septième-Soeur la retrouva.
Sur son bateau en forme de dragon, l'empereur était à table. Sûr de lui, il déclara "ce gamin va sûrement se noyer!" Tout à coup, Bai Hai surgit de la surface de l'eau, en brandissant l'aiguille retrouvée, et cria "voilà l'aiguille! Rendez-moi les perles!" Mais l'empereur fit volte-face et s'écria : "tuez-le, tuez-le!"
Bai Hai fut atteint par des flèches. Les Sept soeurs transportèrent ensembleson corps et le placèrent sur des herbes aquatiques.
Les Sept-Soeurs réunirent toutes leurs forces et percèrent un grand trou dans le fond du bateau de l'empereur. Le bateau coula entrainant avec lui l'empereur et toute sa cour. Personne n'en réchappa.
Elles brisèrent une perle et en firent de la poudre qu'elles appliquèrent sur les blessures de Bai Hai. Il était sauvé.
Alors les coquillages merveilleux déchirèrent chacun une bande d'étoffe de leur jupe et les enduisirent de poudre de perles. Jetées dans la mer, ces bandes devinrent immédiatement bleues. Depuis ce jour, de h=génération en génération, on a pris l'habitude de manger de ces "bandes" et personne dans le village n'a plus jamais été atteint de goître.