GRAND-MERE OURS
"GRAND-MERE OURS" / ill. de Kiang Mi Ed. en langues étrangères, 1979
Il était une fois une petite fille du nom de Fleur d'or. Malgré son jeune âge, elle se montrait déjà intelligente, courageuse et aimait le travail. Sa mère, son petit frère et elle menaient une vie heureuse et pleine de joie.
Un jour, sa mère lui dit : "Mon enfant, ta tante est malade et je dois aller lui rendre visite. Ce soir tu devras t'occuper de ton petit frère car je ne serai pas à la maison. Si tu veux, va demander à grand-mère de venir te tenir compagnie." Ceci dit, elle attrapa une grosse poule et partit.
Au coucher du soleil, Fleur d'or fit rentrer les agneaux.
Les agneaux rentrés, elle alla fermer le poulailler.
Après avoir terminé son travail, elle sortit avec son petit frère. Ils allèrent tous les deux appeler leur grand-mère qui habitait en face sur l'autre colline. Mais grand-mère ne répondit pas.
"Nous passerons bien la nuit seuls ; de toute façon je n'ai pas peur", pensa Fleur d'or. Alors ils s'en retournèrent et elle ferma la porte au loquet.
Fleu d'or alluma la lampe à huile, s'assit près du feu et raconta des histoires à son petit frère.
Tout à coup "Pan! Pan! Pan!" de gros coups se firent entendre à la porte. "J'ai peur!" cria le petit frère et il se blottit contre la fillette.
"Je suis votre grand-mère!" cria une voix étrange. Le petit frère sauta de joie : "Ouvre vite, Fleur d'or, voilà grand-mère, voilà grand-mère!"
Fleur d'or réfléchit un instant, puis elle colla son oreille contre la porte et demanda : "C'est toi grand-mère? Comme tu as une grosse voix!" "J'ai un rhume, c'est pourquoi je suis enrouée", répondit la grand-mère après s'être éclairci la voix.
Le petit frère pressait sa soeur d'ouvrir, mais dehors la même voix reprit : "Mes petits, vous serez bien gentils d'éteindre la lampe car j'ai mal aux yeux, je crains la lumière".
Fleur d'or obéit. La grand-mère entra, et comme il faisait noire dans la pièce on ne vit pas bien son visage.
La fillette pria la grand-mère de s'asseoir sur un tabouret. Elle n'y eut pas plus tôt posé ses fesses qu'lle poussa un cri, un cri terrible qui faisait peur.
La grand-mère dit : "Mes petits, j'ai mal au derrière, je ne peux donc ps m'asseoir sur un banc, donnez-moi plutôt une mue pour siège:".
Fleur d'or lui demanda : "Qu'est-ce qu'il y a dans cette cage à poule? pourquoi ces râclements?" La grand-mère répondit : "Eh bien, c'est que je suis en train de chasser les moustiques avec le plumeau que ton grand-père m'avait acheté".
Fleur d'or, très prudente attisa le charbon de bois et à la lueur d'une petite flamme, qu'est-ce qu'elle vit, ah! des pieds tout poilus! Poilus à faire peur. Elle compris tout de suite que c'était là un ours déguisé, et d'ailleurs sa mère lui avait déjà dit qu'il y avait des ours qui se déguisaient pour manger les petits enfants.
Elle garda son sang-froid, et tout en faisant celle qui n'avait rien vu, elle se mit à chercher un moyen pour affronter cette rusée et méchante grand-mère ours.
Fleur d'or savait par sa mère que les ours avaient horreur des poux. Alors elle prit une petite poignée de graines sèches, enleva le bonnet de son frère et, faisant mine de lui chercher des poux, elle jeta les graines dans le feu. Les graines se miret à crépiter comme des poux qui grillent.
A ce bruit, l'ours hurla : "Dehors! Dehors! Je ne veux pas d'un pouilleux pour dormir!". Le petit frère se mit à pleurer.
Fleur d'or, toujours de sang-froid, en profita pour mettre son petit frère à l'écart. Elle le coucha dans la pièce voisine.
En sortant de cette ièce, elle n'oublia pas de bien fermer la porte à clef.
L'ours entraîna Fleur d'or pour aller se coucher.
Il se réjouissait déjà à l'idée du bon festin qu'il allait se payer à minuit, un festin des plus délicieux et dont il rêvait depuis bien longtemps. Mais Fleur d'or, elle ne rêvait pas...
Tout à coup, Fleur d'or se mit à pleurnicher : "Oh! là! là! J'ai mal au ventre, je voudrais aller quelque part".
"Ce ventre qui gargouille pourrait bien gâter mon repas" pensa le vieil ours. Alors il la laissa sortir, mais attachée par une main au bout d'un ruban et lui, tenant l'autre bout.
Il tira plusieurs fois sur le ruban. Fleur d'or semblait être au bout.
Un bon moment après, Fleur d'or n'étant pas encore de retour, l'ours appela, pas de réponse. Furibond, il tira brusquement sur le ruban et, "Patatras!" un bruit sourd se fit entendre.
très étonné, il se leva e sortit à tâtons en tenant le ruban.
Il appelait, il tâtonnait et arrivé au bout du ruban, qu'est-ce qu'il trouva? Il trouva non pas Fleur d'or, mais un gros pot de grès! Il en devint presque fou! De plus, minuit était déjà passé, il avait une faim du diable ; désespéré, il oublia son rôle de grand-mère et se mit à hurler!
Il partit à la poursuite de Fleur d'or, mais ne la trouvant pas, il se dirigea vers une mare pour avaler quelques gorgées d'eau clair afin de tromper sa faim et de pouvoir continuer à chercher Fleur d'or.
Il se baissa pour boire et, à sa plus grande joie, il la vit au fond de l'eau.
De toutes ses forces il plongea ses deux pattes dans l'eau pour l'attraper, mais elle disparut.
Il se releva furieux et fixa l'eau de tous ses yeux. L'eau n'étant plus agitée, l'ours revit Fleur d'or au fond. Au grand risque de se noyer, il se jta dessus pour la saisir, mais elle disparut une deuxième fois. L'ours, abssourdi, fut pris d'une rage folle.
Un éclat de rire lui fit lever la tête te il aperçut Fleur d'or dans le poirier derrière lui. Mais alors, dans l'eau ce n'était donc que son image!
Les yeux braqués sur elle, il essaya de grimper à l'arbre, seulement il ignorait que Fleur d'or y avait déjà passé une couche d'huile.
L'ours dut rester au pied de l'arbre, car il glissait toujours en chechant à y grimper, et Fleur d'or riait sous cape.
"Grand-mère, si t veux des poires, dit Fleur d'or, va chercher la lance dans la pièce du milieu et je t'en attraperai quelques unes". L'estomac vide, l'ours s'empressa d'aller prendre la lance.
L'ours tendit la lance à Fleur d'Or et regardant ls plus grosses poires : "Je veux celles-là!" dit-il.
"Voici une grosse poire, grand-mère, ouvre grand la bouche", fit Fleur d'or en lui envoyant la poire.
L'ours n'en fit que deux bouchées, car il avait une faim dévorante. Une poire ne lui suffisait pas, il en réclama encore.
Fleur d'or lui dit : "Grand-mère, ouvre bien grand la bouche, cette fois voici une très grosse, très grosse poire!". L'ours ouvrit la bouche le plus grand possible et attendit les yeux fermés. Fleur d'or se leva et envoya de toutes ses forces la lance dans la gueule de l'ours.
La lance s'enfonca dans sa gorge et iltomba raide mort.
Fleur d'or descendit du poirier et voyant le gros patapouf allongé par terre, elle lui donna un coup de pied. "Ca t'apprendra à vouloir manger les petits enfants!" dit-elle furieuse.
Le coq se mit à chanter, c'était l'heure de se lever. Fleur d'or alla réveiller son petit frère qui dormait de tout son soûl.
Elle l'enmena voir le cadavre de l'ours et le petit frère comprit que la grand-mère qu'il avait vue la veille n'était qu'un ours déguisé.
Un soleil rouge écarlate s'était levé à l'horizon, maman était revenue et, apprenant ce qui s'était passé, elle fut très contente d'avoir une si brave petite fille. Par la suite cette histoire se répendit de village en village.
