HAI HUA
"HAI HUA FLEUR DE LA MER" / Texte de Yu Song-Yen ; ill. Tchen Yen-Ning Ed. en langues étrangères, 1975
Un beau matin, alors que les miliciens de la brigade de production de Tsaoshi font de l'exercice sur la plage, une lance sort brusquement d'un bosquet non loin de là. La très jeune fille qui la tient en main vient ici faire ses exercices militaires à l'exemple des miliciens, ses aînés. Comme elle a envie de devenir, elle aussi, une milicienne au service de la défense de la Patrie! Cette fillette du non de Hai-Hua (Fleur de la mer) est membre de la Petite Garde rouge de l'école primaire Etoile Rouge.
Le rêve de Hai-Hua finit par se réaliser. Aux premiers jours des vacances d'hiver, grâce à l'appui de l'oncle Li Tchen, secrétaire de la cellule du Parti de la brigade de production, les Petits Gardes rouges de cette école ont pu mettre sur pied un peloton de patrouille. Hai-hua, nommée chef de peloton, entraîne ses petits camarades au maniement de la lance au combat.
Le jour même de la création de la troupe, Oncle Li Tchen enmène les Petits Gardes rouges à un endroit nommé Terre de la Trompe d'Eléphant, à l'entrée du village. Egayé par le beau paysage, les enfants se mettent à chanter et à sauter comme une bande de moineaux. A les voir si heureux, Oncle Li Tchen ne peut s'empêcher d'évoquer les tristes jours du passé.
Il explique aux enfants : "Dans l'ancienne société si ténébreuse, c'étaient les propriétaires de pêcherie despotes qui faisaient la loi sur nos villages où ils exerçaient une tyrannie sans nom. Sur ce Tertre de la Trompe d'Eléphant, de connivence avec des réactionnaires kuomintaniens, un grand propriétaire desposte a fait massacrer plusieurs pêcheurs qui avaient refusé de payer des impôts..." Au récit de Li, une haine implacable contre les ennemis de classe s'allume dans le coeur des enfants.
Son récit terminé, Oncle Li remet solennellement aux Petits Gardes rouges la conque servant de trompe d'appel, utilisée au cours de cette lutte. Siao-po la reçoit avec émotion et, au nom des Petits Gardes rouges, exprime la résolution d'apprendre l'esprit révolutionnaire de leurs pères dans cette lutte contre l'ennemi.
Aux premiers rayons du soleil, brisant le silence de la nature, des pas d'enfants se font entendre sur la plage. Les Petits gardes rouges font leur patrouille quotidienne, par tous les temps. Ils savent qu'on a plus de chance de découvrir au petit matin des traces laissées par des mauvais éléments qui généralement cherchent à gagner la mer ou à débarquer à la faveur de la nuit.
Cette activité des enfants ne tarde pas à provoquer une haine implacable chez les ennemis de classe. Un jour, Siao-po, en montant à la montagne couper des branches pour en faire des manches de lance, rencontre à mi-chemin la femme de l'ancien propriétaire despote, portant sur le dos un fagot de bois mort. Siao-po y découvre avec admiration une grosse branche à l'écorce rouge. La vieille femme lui dit alors malicieusement : "Cette branche te plait? Tiens, je te la donne!"
"Qui voudrait de ta branche?" Et il crache avec mépris, se détourne et s'éloigne précpitamment. La vielle roule un peu des yeux, et une mauvaise idée lui vient. Elle lui crie : "Eh! suis ce sentier jusqu'au ravin, là tu verras un vieux pin tordu. Et tu auras autant de branches à l'écorce rouge que tu voudras ; il y a aussi beaucoup d'oiseaux!"
Sans vraiment croire à ses paroles, Siao-po ne peut s'empêcher de suivre le sentier indiqué. Il trouve bien le pin noueux, mais pas une branche à l'écorche rouge, ni sur l'arbre ni dans les environs. Il se rend compte qu'il s'est laissé tromper par cette vieille maligne. "Tant pis, je couperai d'autres branches", se dit-il. En pénétrant dans un bois, il laisse tomber, à son insu, la conque attachée à sa veste, et elle roule jusqu'au fond du ravin.
Au même moment, Hai-Hua et Tche-hai cherchent leur camarade Siao-po dans le village. Comme ils ne le trouvent nulle part, ils se rendent dans la montagne où ils l'appellent à grands cris. Finalement près de la Fosse aux Loutres, ils entendent Siao-po leur répondre.
Hai-Hua n'en reste pas moins inquiète, car cet endroit est le repère de nombreuses loutres, même un adulte n'ose pas s'y aventurer seul. "Siao-po doit être en danger", se dit-elle et elle grimpe une pente raide tout d'une haleine. Mais elle voit soudain Siao-po qui sort du bois sain et sauf.
Hai-Hua demande à Siao-po ce qui s'est passé, puis elle s'aperçoit tout à coup que ce dernier n'a plus la conque sur lui. Les trois Petits Gardes rouges sont consternés, car ils se souviennent de la scène de l'autre jour : Oncle Li leur a remis cette conque comme un objet précieux ; c'est l'arme même d'un clairon, il ne faut jamais la perdre! Après une brève discussion, ils décident d'aller la chercher chacn de son côté.
Hai-Hua cherche çà et là et arrive enfin sous le vieux pin. De là, en regardant au fond du ravin, elle aperçoit la conque. Elle descend. Comme elle va la ramasser, un animal, ressemblant à un chat, vient dans sa direction, rapide comme une flèche, un crabe dans la gueule.
Hai-Hua a un sursaut d'étonnement. Reprenant son sang-froid, elle voit qu'il s'agit d'une loutre. Mais en un clin d'oeil, arrivent d'autres loutres, plus d'une dizaine. Tous (sic) ces loutres viennent attaquer un tas de crabes, et se mettent à les croquer. Pour ne pas les déranger, furtivement Hai-Hua ramasse la conque avec la pointe de sa lance ; les loutres sont quand même alertées.
En poussant des "yi, yi" aigus, elles se ruent sur Hai-Hua qui, loin de se laisser intimider, joue de la lance. Mais les loutres ont une fourrure épaisse et glissante, la lance de bois ne les atteint pas.
Siao-po et Tche-hai, n'ayant pas trouvé la conque, reviennent sur leurs pas, et aperçoivent Hai-Hua en train de se battre avec acharnement contre les loutres au fond du ravin. Vite, ils descendent à la rescousse et tous les trois, dos à dos, cherchent à les tenir en respect. D'un coup de lance, Hai-Hua en renverse une, et Tche-Hai, avec son sabre d'entrainement, en blesse une autre qui, après un dernier cri, ne bouge plus.
La situation est dangereuse, une idée vient à l'esprit de Hai-Hua. Elle sonne de la conque dont l'écho retentit dans le ravin. Les loutres, effrayées, s'enfuient pour se réfugier dans les grottes des rochers.
A ce moment, les miliciens, dirigés par Oncle Li-Tchen, sont à la recherche des trois enfants. Guidés par le son de la conque, ils arrivent rapidement sur les lieux. Siao-po leur raconte comment il est tombé dans le piège de la femme de l'ancien despote. Alors Oncle Li lui dit gravement : "le serpent venimeux n'est pas engourdi. Aujourd'hui, vous avez failli être mordus par lui. Restez toujours vigilants, mes enfants!"
Cette leçon ouvre les yeux aux Petits Gardes rouges. Un matin, Hai-Hua et Tsoeui-Kiuan, au cours de leur patrouille au Tertre de la Trompe d'Eléphant, découvrent un soulier de caoutchouc au pied du tertre. Il n'y a qu'un seul soulier! Qu'est-ce que ça signifie?
Hai-Hua ramasse le soulier et court avec Tsouei-Kiuan au village pour faire son rapport à Oncle Li Tchen. Après avoir examiné le soulier, ce dernier dit aux enfants : "Selon les informations données par un villageois, hier soir une femme est alllée vers la plage. D'après le signalement, c'est sans doute l'épouse du despote. Il est fort possible que ce soit elle qui y ait laissé ce soulier. Nous devons bien la surveiller".
Quelques jours après, dans l'après-midi, un inconnu vient dans le village acheter des objets de rebus. Il fait la tournée du pays, puis s'arrête devant la maison de l'ancien despote. L'inconnu, après avoir échangé discrètement des mots de code avec la vieille femme, lui achète un soulier de caoutchouc. Mais toute la scène a été observée par les Petits Gardes rouges qui ont reçu l'ordre de la cellule du Parti de se poster derrière des arbrisseaux.
Bientôt, l'inconnu est à la sortie du village, mais là, Siao-po et Tche-hai l'arrêtet et l'enmènent au bureau de la brigade de production sous prétexte de vérifier ses papiers. Arrivé au bureau, Tche-hai lui ordonne de déposer ses corbeilles et de monter au premier étage pour voir le chef. Mais l'inconnu veut absolument monter à l'étage sans lâcher son fardeau.
Au bruit de la dispute, Hai-Hua qui est là-haut dit à Petit Boulot de descendre tout de suite. Celui-ci, en descendant précipitamment, au milieu de l'escalier étroit donne exprès un coup de coude dans l'une des corbeilles du chiffonnier, laquelle roule jusqu'en bas de l'escalier, répendant çà et là tout son contenu. Sans trop sans occuper, Petit Boulot se précipite vers la porte et disparait.
D'un air fâché, Tche-hai apostrophe l'inconnu. Celui-ci se met à ramasser ses marchandises. En arrivant en bas, il voit que deux des enfants seulement sont là, rassuré, il monte alors tranquillement e laissant ses corbeilles. Siao-po profite de son absence pour les fouiller et y trouve trois souliers usés de caoutchouc qu'il va remettre immédiatement à l'Oncle Li dans la pièce voisine.
Oncle Li examine les souliers et s'aperçoit que l'un d'eux fait précisément la paire avec celui que Hai-Hua a ramassé l'autre jour. En l'examinant de près, il découvre un collage au talon. Il le défait et en retire un bout de papier portant la disposition des postes de sentinelles militaires et civiles dans le territoire de la brigade de production et ses environs. Le chiffonnier est donc bien un agent secret au service de l'ennemi.
Revenons à notre agent secret. En arrivant au premier étage, comme il ne trouve que deux fillettes, il veut redescendre. L'une d'elle Tsoeui-Kiuan lui crie alors : "Où vas-tu? - "En bas deux enfants m'ont dit de monter pour voir le chef, répond-il, mais il n'y a pas de chef ici."
Tsoeui-Kiuan, montrant Hai-Hua, lui lance : "Le voilà notre chef!" L'inconnu jette un coup d'oeil à Hai-Hua, et va s'asseoir sur un banc, les jambes croisées. "Ah! à quel grand chef j'ai affaire!" marmotte-il (sic) tout en allumant une cigarette avec nonchalance. Hai-Hua frappe la table et l'apostrophe : "Tiens-toi tranquille!"
L'inconnu, stupéfait, se met debout. Hai-Hua continue : "Tu laisseras tes corbeilles ici, puisque tu n'as pas de papiers." Désemparé, l'inconnu s'empresse de répondre : "Si, si, j'ai mes papiers!"
Hai-Hua fait traîner intentionnellement l'interrogatoire jusqu'à ce que monte Siao-po. Sûre désormais que la perquisition d'en-bas est terminée, elle dit à l'inconnu : "Tu dois toujours avoir sur toi des papiers bien en règle. Tu peux partir maintenant." Il descend et trouve sa camelote intacte ; en particulier les souliers usés sont bien là. Epaulant ses corbeilles, il s'en va rassuré.
Une semaine après cet incident, comme on a appris quelque renseignement sur l'ennemi, le soir, sur l'ordre de la cellule du Parti, Hai-Hua, Siao-po et Tche-hai se cachent dans le bois à l'entrée du village. Soudain, ils voient une silhouette qui file devant eux, fuyant éperdument. Mais oui, c'est bien la femme de l'ancien despote. Hai-Hua chuchote en toute hâte quelques mots à l'oreille de Siao-po.
Lorsque ce vieux serpent s'appproche d'eux, Hai-Hua sort du bois. Elle lui coupe le chemin et lui demande où elle va. La vieille supplie instamment : "Grâce, grâce! Maisse-moi partir!" - "Non! dit Hai-Hua. Vous autres avez fait mourir tant de pêcheurs pauvres dans l'ancienne société! Et toi qui aujourd'hui encore poursuis tes activités contre-révolutionnaires! Inutile d'essayer de t'enfuir par la mer!
A ces mots, la vieille prend ses jambes à son cou, mais elle bute contre les lianes et tombe par terre. Hai-Hua et Siao-po se précipitent sur elle et la ligotent. Réduite à l'impuissance, la vieille avoue son plan préétabli de prendre la fuite par la mer en compagnie de l'agent secret déguisé en acheteur d'objets de rebut.
En même temps, sur un versant non loin du village, l'agent secret est, lui aussi, capturé par les miliciens. Oncle Li-Tchen et le directeur du Département de la Défense de la commune populaire rejoignent le poste de guet de Hai-Hua et de ses camarades. Quand il voit que la vieille est déjà prise, Oncle Li est très content. Il caresse la tête de Hai-Hua et, se tournant vers la vieille, lui dit : "Essayer d'échapper aux mains de nos Petits Gardes rouges, c'est rêver en plein jour!"
A ce moment sur la mer se fait entendre un grondement de moteur. C'est une canonnière de l'armée Populaire de Libération qui vient vers la côte, remorquant un bateau espion camouflé en bateau de pêche. Oncle Li déclare alors aux deux ennemis : "Votre bateau de pêche vient vous rejoindre!" Les deux traites baissent la tête, tremblant de peur.
Les Petits Gardes rouges lèvent les bras et poussent des acclamations pour saluer la canonnière qui approche à toute vapeur. Soudain, un chant sonore déchire le silence de la nuit pour aller retentir dans le lointain : "La lance sur l'épaule, notre coeur rempli d'une ferme volonté, Nous, les Petits Gardes rouges du président Mao, défendons la côte. Imprégnés d'un esprit révolutionnaire dès notre jeune âge, nous jurons de monter sérieusement la garde pour la Patrie."