200 PETITS CHINOIS
"200 PETITS CHINOIS" Collection harmonie, 1960
Au coeur de la Chine mystèrieuse, vivait Ho Hang Tang. Il était propriétaire d'une immense plantation de thé et, comme il avait administré sagement ses biens, il était à la tête d'une fortune importante qui lui permettait de s'offrir de grands plaisirs. Cependant Ho Hang Tang était très malheureux car il n'avait pas d'enfant. Il aurait volontiers dépensé sa fortune pour en avoir, mais cette joie lui était refusée. Un jour, sa femme se rendit chez une magicienne et lui fit part de son chagrin et de celui d'Ho Hang Tang. La magicienne, émue par cette détresse, promit de les aider et demanda à la femme d'Ho Hang Tang de revenir trois jours plus tard. Dès qu'elle fut seule, ma magicienne appela les poissons du fleuve qui bordait son jardin et se fit apporter des oeufs. Il vint même un phoque qui apporta un oeuf rouge et un crapaud qui déposa un oeuf jaune
Trois jours après, lorsque la femme d'Ho ang Tang revint, la magicienne lui dit : "Voici tes futurs enfants. Il y a deux cents oeufs, plus le rouge et le jaune. Emporte tout le panier et que cela fasse ton bonheur et celui d'Ho Hang Tang".
Celui-ci écouta bien ce que sa femme lui raconta à son retour, et prenant dans le panier les deux oeufs colorés, il dit : "Du rouge, il naitra une jolie petite fille et du jaune un robuste garçon. Quant aux autres, je n'en veux pas. Jette le panier dans le fleuve."
Le panier, entrainé par le courant, flotta sur les eaux jusqu'à ce qu'un pauvre chinois l'en retire. Comme il le posait sur la berge, les coquilles se brisèrent et deux cents petits chinois sautèrent dehors en criant : "Nous avons faim! Donnez-nous à manger!"
Hereusement, pensa le pauvre chinois, qe voici l'époque de récolter le riz! Si ces charmants petits diables veulent manger, il faut bien qu'ils m'aident. Il chargea alors un de ses amis de les vêtir et de leur apprendre ce qu'ils devaient faire.
Dès le lendemain, les deux cents frères se mirent au travail avec ardeur. En un rien de temps, le riz fut très proprement coupé, lié en gerbes, battu, trié et tout le monde s'e régala abondamment.
Mais bientôt arrivèrent des sergents chinois qui venaient recruter des hommes pour les envoyer à la guerre. Les deux cents frères se cachèrent. Leur cachette aurait vite été découverte si le plus astucieux d'entre eux, ayant une idée, leur dit :
"Que chacun d'entre vous arrache deux bambous ou deux épis de riz et, en les tenant chacun dans une main, la racine vers le sol, nous avancerons tous ensemble." Quand les sergents virent avancer ce petit bois, ils s'enfuirent épouvantés.
Dès qu'ils furent arrivés au fleuve, les malins garçons s'y jetèrent, nagèrent sous l'eau, respirant à l'aide d'une canne de bambou. Ils nagèrent ainsi longtemps et se trouvèrent enfin dans les jardins du Palais impérial.
Le plus astucieux leur fit alors rassembler des morceaux de bambou de longueurs différentes et, avec ces instruments improvisés, ils se mirent à jouer des airs ravissants. L'Empereur e fut tellement charmé qu'ils les nomma Musiciens de la Cour Impériale.
Mais un matin, alors que les deux cents frères avaient dû jouer fort tard dans la nuit, ils ne se réveillèrent pas et, au lieu de l'aubade habituelle, l'Empereur fut réveillé par leurs ronflements. Mis en colère par cette fâcheuse musique, l'Empereur les chassa.
Ils partirent alors à l'aventure et, après avoir longtemps marché, ils se trouvèent dans les plantations d'Ho Hang Tang qui, avec sa femme, vivait plus que jamais dans une profonde tristesse. En effet, l'oeuf rouge était née, au lieu d'une gracieuse petite fille, une vilaine guenon et, de l'oeuf jaune, au lieu d'un robuste garçon, un affreux petit monstre. Le plus malin des deux cents petits frères alla se présenter à Ho Hang Tang et lui demanda l'hospitalité pour ses frères et pour lui. "-Combien êtes-vous? demanda Ho Hang Tang. - Deux cents répondit-il. - Oh! Deux cents, dit la femme d'Ho Hang Tang. Comme les oeufs blancs... Où êtes-vous? Montrez-vous!" Dès qu'elle les vit, ses yeux s'emplirent de larmes de joie et elle les embrassa tous. Il lui fallut pour cela, ainsi qu'à Ho Hang Tang, toute la matinée. Depuis lors, Ho Hang Tang, sa femme et leus deux cents fils vécurent pleinement heureux.