DEUX PETITS PAONS
"LES DEUX PETITS PAONS" /texte Tchen Wei et Peng Houa ; adapt. Lieou Ki ; ill. Tsiang Tie-feng, Kia Koua-tchong et Wan Kiang-lin Ed. en langues étrangères, 1975
Sur les deux rives du Lantchang, dans la province du Yunnan en Chine, les épis du riz ondoient comme des vagues dorées d'une immense mer. Tout annonce une bonne récolte. Comme toutes les grandes personnes se consacrent à la moisson, Yenla, petit garde rouge de la nationalité taï, se porte volontaire pour garder des buffles, à la place de son grand-père, chaque jour de classe, en compagnie de son frère cadet, Siaotouan.
Un jour, quand les deux frères reviennent du versant de la montagne en poussant leurs buffles, ils voient un escadron de cavalerie se diriger au galop vers leur hameau, soulevant derrière lui une épaisse poussière sur la grand-route. Le grand-père, enthousiasmé, s'écrie : "Oh! les paons dorés viennent chez nous, notre chère Armée de Libération, dans sa marche d'entraînement, arrive à notre hameau".
Yenla et son frère regardent fixement l'escadron s'éloigner. Tout excités, ils pressent le grand-père de rentrer au hameau pour recevoir les oncles de l'Armée de Libération.
Quand ils arrivent chez eux, la grand-mère, l'air toute contente leur dit : "Eh! Ces camarades de l'Armée de Libération sont comme Lei Feng!Ils sont de passage chez nous pour un entrainement de campagne, mais à peine descendus de cheval, ils se mettent à nous aider à couper le riz, sans même prendre le temps de nourrir leurs chevaux".
Yenla dit alors à son frère : "Nous devons prendre nous aussi exemple sur l'oncle Lei Feng. Allons couper de l'herbe pour les chevaux." Les deux frères, deux paniers sur l'épaule et une faucille à la main, se dirigent vers la rive du fleuve, en chantant joyeusement sous les derniers rayons du couchant.
L'Herbe exubérante s'étend comme un tapis verdoyant. Les deux frères ne cessent de jouer de la faucille, laissant leur sueur arroser la prairie. Maintenant leurs paniers sont presque pleins.
Soudain, Siaotouan pousse un cri. Yenla, croyant que son frère cadet s'est coupé le doigt avec la faucille, accourt près de lui. Mais non, son frère a seulement crié de joie en découvrant deux oeufs de canne dans la prairie.
Qu'est-ce que nous allons faire de ces deux oeufs? Les drères en discutent et finalement l'aîné , clignant des yeux, s'écrie : "J'y suis! Voilà, nous allons les faire couver pour avoir deux cannetons : uns fois grands, ils nous donneront des quantités d'oeufs. Lorsque les oeufs de l'Armée de Libération reviendront ici la prochaine fois, nous aurons des oeufs de cane à leur offrir.
Les enfants apportent leur récolte d'herbe leurs "oncles" ; le chef d'escadron, leur serrant la main, ne tarit pas d'éloges à leur égard. Le lendemain, quand l'escadron de cavalerie quitte le hameau, les deux frères se disent : "la prochaine fois, nous aurons de quoi mieux réconforter nos oncles".
Pour trouver une poule couveuse, les deux frères ont déjà fait une tournée chez plusieurs familles du hameau, ils arrivent enfin chez la jeune Meihan. Celle-ci est en train de donner à manger à une poule bigarrée ; c'est justement la bonne couveuse tant désirée. Ils sont si contents qu'ils poussent un cri de joie.
Ils rentrent tout de suite chez eux chercher les deux oeufs de canne qu'ils tendent à Meihan, tout en la mettant au courant de leur intention. Elle en est contente aussi et, avec ses petits amis, elle introduit les oeufs de canne dans le poulailler avec toutes les précautions requises.
Chaque jour après la classe, les deux frères ne manquent pas de venir passer l'inspection du poulailler. En effet, ils brûlent de voir leus cannetons éclos au plus tôt.
Un jour, quand les deux frères arrivent chez Meihan, ils la trouvent les yeux fixés tristement sur le poulailler. Tandis que la poule bigarrée, poussant gaiement des "cot-cot-cot", conduit ses poussins picorer le grain.
Meihan leur dit : "Ca va mal! Depuis que les poussins sont sortis de leur coque, la poule bigarrée refuse de rester encore dans le poulailler. Qu'allons-nous faire?"
De peur que les deux oeufs de canne se refroidissent, ce qui arrêterai leur métamorphose en canneton, Meihan et Siaotouan attrapent la poule et les poussins, et les enferment dans le poulailler. Tandis que Yenla quitte précipitamment la cour.
En effet, Yenla, se rappelant qu'hier sa maman est allée chez sa grand-mère, s'empresse de lui demander : -Maman, y a t-il une couveuse chez grand-mère? - Mais oui, lui répondit-elle de la pièce intérieure, hier encore elle restait accroupie dans le poulailler.
Les deux frères se rendent chez leur grand-mère qui, très contente de les voir, veut les retenir pour quelques jours. Mais, les deux enfants s'y refusent. Ils prennent la couveuse et rentrent rapidement chez eux.
Les deux frères et Meihan transportent les oeufs de cane au poulailler de chez Yenla. Pour que la couveuse reste sagement à accomplir sa besogne, chaque jour ils veillent à fermer soigneusement la portière du poulailler. Et ils ne la laissent sortir pour manger et boire qu'à leur retour de classe.
Quelques jours après, les cannetons viennent enfin au monde. Yenla, Siaotouan et Meihan, exultant de joie, les prennent dans leurs mains et les remettent ensuite terre, tandis que la poule, inquiète, tourne autour d'eux.
Ces deux cannetons ont une apparence bizarre : ils ne ressemblent ni à des petits canards, ni à des poussins. Les trois enfants s'interrogent et aucun d'eux ne trouve d'explication. Finalement, ils vont trouver le grand-père.
Le grand-père les examine de près et s'écrie avec joie : "Mais, mes enfants, ce sont des paonneaux! Or le paon est l'oiseau du bonheur et des heureux auspices pour nous autres Tai!" Yenla et ses petits camarades réalisent alors que ce sont deux oeufs de paonne que Siaotouane a ramassé l'autre jour.
Mais pourquoi le paon est-il l'oiseau du bonheur pour les Tai? Le grand-père se met alors à leur raconter avec animation une légende sur le paon : "Il ya longtemps, très longtemps, sur la terre existait un magnifique pays. Un jour, y vint une troupe de paons d'un lieu lointain, du lieu de naissance du soleil. Les paons parsemèrent le pays de leurs belles plumes. Depuis lors y poussent coton argenté et grain doré. Le pays est devenu un vrai paradis.
"Les paons dansent dans les prairies vert-jade, volent sur les diguettes des champs dorés. Les jupes aux couleurs vives des jeunes filles leur inspirent de faire la roue avec leur queue, le son mélodieux de la flûte des garçons leur donne envie de déployer leur belle voix. Mais, mes enfants, ce n'est qu'un rêve né de l'imagination des hommes!"
"Dans les ténèbres de l'ancienne société, les pauvres de la nationalité tai étaient victimes d'ine oppression et exploitation atroces, exercées par les propriétaires fonciers despotes, et menaient une vie de bêtes de somme. Sur le ciel de sombres nuages, sur la terre des souffrances sans fin. Le peuple tai dans ses luttes souhaitait ardemment voir se lever le soleil."
"Le soleil de l'Orient a chassé les nuages noirs, et les paons dorés viennent au pays natal des Tai. L'Armée populaire de Libération, envoyée par le président Mao, est venue nous aider à renverser les maudits despotes. Le peuple tai s'est émancipé et s'est engagé dans la grande voie du socialisme, indiquée par le président Mao. Depuis lors, notre vie devient toujours plus heureuse!"
Enthousiasmés par le récit du grand-père, les trois Petits Gardes rouges en ressentent encore plus d'attachement pour le Président mao et l'Armée Polpulaire de Libération. Ils décident de bien nourrir et élever leurs paonneaux pour les offrir aux oncles de l'Armée de Libération en témoignage de l'affection des Petits Gardes rouges des régions frontalières.
La nouvelle de la naissance des petits paons se répend rapidement dans tout le hameau. Tout les villageois, hommes et femmes, jeunes et vieux, s'intéressent à leur croissance. Yenla et ses petits amis sont allés couper des bambous pour construire une maison aussi belle que possible, à l'intention de ces nouveaux hôtes.
Les paonneaux sont couverts maintenant de belles plumes. Et ils savent déjà chanter et danser. Les enfants rient de bonheurs et restent bouche bée en les contemplant.
Le Nouvel An du calendrier tai est arrivé. Au son de leurs tambours et de leurs gongs nationaux, les Petits Gardes rouges tai, portant de nombreux cadeaux, viennent à la caserne pour exprimer leur affection à leurs oncles de l'Armée de Libération. Siaotouan et Meihan, chacun un paon dans les bras, marchent fièrement en compagnie de Yenla à la tête du cortège.
Les Petits Gardes rouges chantent et dansent dans l'allegresse. Leurs voix s'unissent en une chanson traduisant le profond attachement des populations des régions frontalières à l'égard de l'Armée populaire de Libération :
"Les beaux paons viennent de l'Orient, ils nous apportent, à nous Tai, le bonheur et d'heureux auspices. Notre chère Armée de Libération vient de chez le Président Mao, elle nous conduit dans la radieuse voie du socialisme!"