L'EAU DU PUITS DE WUJING
"L'EAU DU PUITS DE WUJING" Adapt. Wen Yi ; Huang Wei, Chang Guangxi, ill. Ed. en langues étrangères, 1981
Il y a bien longtemps, le pont Wujing, dans la banlieue est de Kunming, était u lieu de pasage très animé.
Près du pont vivaient un couple de vieillards et leur fils unique. Les deux vieux, fort pauvres, avaient ouvert une petite maison de thé pour survivre.
Ils avaient bon coeur. Par manque d'argent, des bûcherons et des caraviniers avaient pris un jour de l'eau froide et étaient tombés malade. Les deux vieillards compatirent beaucoup à leurs souffrances. Depuis, chaque jour, ils déposaient devant leur porte u sceau d'eau chaude pour désaltérer les passants.
L'action du vieux couple fut louée par tous les pauvres des environs. Seuls les riches se moquèrent d'eux. "Quelle sottise vous faites-là!" leurs dirent-ils.
Un jour, un vieillard à la barbe blanche vint demander de l'eau à boire.
"Braves gens, leur dit-il, votre famille est pauvre et vous ne vivez que de votre maison de thé. Pourtant, vous préparez gratuitement de l'eau chaude pour les passants. Si vous continuez comme ca, qui viendra encore boire du thé chez vous? Votre vie ne fera qu'empirer".
"Maitre, les pauvres ne doivent-ils pas s'entraider entre eux?" explique aimablement le vieux couple.
Le vieillard à la barbe blanche les loua pour leur bonté. Au moment de partir, il aperçut leur fils qui jouait par terre et lui dit : "Mon enfant, j'espère que tu seras aussi honnête que tes parents plus tard".
Le vieillard à barbe blanche fit le tour du puits dans la cour et s'en fut. Quelques temps après, un délicieux arôme se dégagea du puits. Etonnés, les deux vieillards puisèrent un peu d'eau pour la goûter. Le puits ne donnait plus de l'eau, mais un très bon vin!
De ce jour, le couple de vieillards commença à vendre du vin, et leur vie s'améliora.
Plus tard, les deux vieillards moururent l'un après l'autre. Leur fils unique grandit. Il extorquait et opprimait les pauvres. Marié à la fille d'un riche notable, il gaspillait l'argent à sa guise.
Un jour, le vieillard à la barbe blanche parut à l'improviste. Sachant qu'il était un génie, le fils en fut tout réjoui. Il le conduisait complaisamment auprès du puits.
Le vieillard à barbe blanche lui demanda comment il s'en sortait. Le fils pleura misère, au grand étonnement du vieillard. "Le puits de vin de ta famille est un arbre à sapèques! Comment se fait-il que tu ais des difficultés?"
"Grâce à dieu, j'ai un puits de vin, répondit le fils. Seulement, je n'ai pas de marc pour nourrir mes porcs! Chaque moi je dois payer une grosse somme pour en acheter."
En voyant sa cupidité sans limite, le vieillard à barbe blanche poussa un profond soupir et s'en alla.
Le lendemain matin, des coups redoublés se firent entendre à la porte du magasin. Le vin qu'il avait vendu la veille s'était changé en eau. Les clients mécontents étaient venus se faire dédommager.
Le fils se précipita vers le puits : il ne dégageait plus d'arôme de vin! Il puisa un seau de vin pour le goûter. Hélas! le vin était redevenu de l'eau.
Désespéré, il se battit la poitrine des deux mains et tapa du pied. Sa femme pleura comme une Madeleine.
Au même moment, on vit apparaitre sur le mur de la maison un quatrain : "La profondeur du ciel est moindre / Que celle du coeur humain / L'eau du puits qui se vend comme du vin /Et le marchand encore se plaint.
"Voilà le résultat de votre cupidité!" se moquèrent les gens. Et tout le monde se dispersa.