REPARATION DE LA VOUTE CELESTE
"LA REPAARTION DE LA VOUTE CELESTE" / adapt. Feng Jiannan ; ill. Mao Shuixian Ed. livres du dauphin, 1989
En des temps très anciens, le ciel et la terre formaient un chaos qui évoquait un oeuf immense.
Un géant, nommé Pangu, dormait dans cet "oeuf".
Pangu dormit plus de dix-huit mille ans. Il trouva à son réveil que l'oeuf était insupportablement sombre et mal aéré.
D'un coup de grande hâche, Pengu fendit la coquille, ce qui produisit un horrible fracas.
Le blanc transparent s'éleva et se transforma en ciel, et la bouillie noire tomba et se changea en terre.
De peur que le ciel et la terre ne se réunissent, Pangu se tint debout au milieu de la terre et soutint de ses mains le ciel.Il maintint cette position dix-huit mille ans, et s'écroula, mort d'épuisement.
Son corps et ses membres se changèrent en grandes montagnes, ses veines enfleuves, ses yeux en lune et soleil, sa peau, ses cheveux et ses poils en arbres, fleurs, herbes, oiseaux, poissons, insectes et autres animaux.
Un jour arriva sur cette vaste terre une belle fée bienveillante appelée Nüwa qui fut ravie par ce monde plein de parfums de fleurs et de gazouillements d'oiseaux.
Mais elle trouva que quelque chose manquait sur ce magnifique monde : un être à son image.
Cette idée l'obséda. Elle s'accroupit un jour au bord de l'étang pour prendre de l'eau, et vit sa belle taille se refléter dans l'eau limpide.
Elle s'en inspira pour modeler, très joyeuse, d'après son reflet, une figure en loess.
Surprise : la figurine, à peine posée sur le sol, bougea et appela Nüwa "Maman".
Très contente, Nüwa continua à faire des figurines.
Bien qu'elle travaillât sans répit jours et nuits et que ces doigts en fussent gercés, ses figurines étaient loin de pouvoir occuper cette vaste terre.
Une idée vint tout à coup à Nüwa : elle prit une liane, la trempa dans la boue, puis projeta d'un geste des petits tas de boue sur la terre, et chacun d'eux se transforma en une personne.
Elle fut ravie d'utiliser ce moyen pour aller par monts et par vaux répandre des tas de boue. Ainsi la vaste terre regorgea t-elle d'humains.
Les êtres humains vécurent pésiblement de leur travail sur ce monde étrange.
Soudain, un vent violent se leva, les nuages s'accumulèrent, les éclairs et le tonnerre déchirèrent le ciel. Des forêts furent incendiées, les oiseaux et les animaux, effrayés, s'enfuirent.
Un fracas assourdissant se fit entendre : une crevasse s'ouvrit dans le ciel et un déluge s'abattit sur la terre.
La cause en était la guerre du ciel, entre Gong Gong, dieu de l'eau, et Zhu Rong, dieu du feu, qui se disputaient le trône.
Alors que le dieu de l'eau reculait au cours du combat, il tomba soudain du ciel, poursuivi par le dieu du feu.
En un clein d'oeil, les eaux de la rivière céleste se précipitèrent de l'immense crevasse par laquelle était tombé de dieu de l'eau
L'effondrement du ciel produisit sur la terre des fissures d'où s'échappèrent des torrents qui menaçaient de noyer tout le globe.
La fée pleurait en voyant que ses créatures allaient mourir noyées.
Pour les sauver, elle souleva avec force une immense roche et et s'élança pour boucher la crevasse.
Mais l'eau était si impétueuse qu'elle emporta Nüwa avec sa roche.
Une autre fois, elle parvint au bord de la crevasse et y enfonça avec force la roche. Mais ne réussit d'avantage.
Pleine de confiance, elle chercha un autre moyen, ramassa dans la mer, les rivières et les lacs un grand nombre de pierres magnifiques dont elle fit une butte brillante aux mille couleurs.
Elle arracha ensuite des roseaux dont elle fit un bûcher autour de la butte de pierres.
Elle alluma ce bûcher et, neuf jours plus tard, les pierres fondirent en une pâte visqueuse aux mille couleurs.
La fée prit la pâte brûlante à pleines mains et s'élança vers le ciel. Elle colmata, morceau après morceau, la brèche avec de la pâte pendant sept jours et sept nuits malgré la fatigue. Elle finit ainsi par combler la grande crevasse.
Après la pluie, il fit beau temps, des nuages colorés flottaient dans le ciel mais la fée avait le corps recouvert de plaies à cause des brûlures causées par la pâte chaude.
Voyant l'eau impétueuse jaillir des fissures de la terre, la fée, en dépit de la douleur que lui occasionnaient ses brûlures, boucha la fissure avec des roseaux, brassée par brassée, et finit par faire cesser l'inondation.
L'horrible désastre ayant été évité grâce à la bravoure de la fée, les humains furent sauvés.
Pour rendre plus gaie la vie des hommes, Nüwa inventa un instrument de musique à vent appelé Sheng, fait d'une gourde dans laquelle sont plantés treize tubes de bambou.
L'humanité entra ainsi dans un âge d'or : elle vécut dans la paix et le bonheur.
Lorsque les hommes voulurent exprimer leurs remerciements à la mère de l'humanité - Nüwa, ils la virent monter sur un char attelé à un dragon volant, et s'envoler evrs les nuages.
La légende dit que la fée habite sur les nuages colorés, ne se montre jamais, et que les hommes se souviendront d'elle à jamais.