LE REVE D'UNE JEUNE FILLE PARESSEUSE
"LE REVE D'UE JEUNE FILLE PARESSEUSE" Texte de Chen Jong-ken, ill. de Han Wou Ed. en langues étrangères, 1962
Ce samedi matin, c'est la dernière heure de classe. L'instituteur Wang a donné aux écoliers des exercices de calcul.Fanfan est une bonne élève : son crayon court sur le papier et, en moins de vingt minutes, ses cinq problèmes sont finis.
Fanfan terminait toujours ses devoirs la première et avait toujours les meilleurs notes. Après avoir remis son cahier au maitre, ele voit ses camarades encore plongés dans leur travail.
Revenant à sa place,elle met le nez à la fenêtre et aperçoit dans le jardin des abeilles buttinant de fleur en fleur.
Ding! Dong! Ding! Dong! L'heure a sonné.Fanfan, le cartable sur le dos, se hâte pour rentrer chez elle, mais à la porte Kinkin l'arrête et lui rapelle que c'est leur tour de balayer la classe.
Mais... Si Fanfan apprenait de bon coeur en classe, elle n'aimait pas du tout le travail physique. Aussi fait-elle le nettoyage à la hâte, et s'exquive en jetant son balai dans un coin.
Kinkin se lance sur ses traces et la rattrape à la porte de l'école. "Pourquoi t'en vas-tu? Tu n'as pas fini ton travail!" lui reproche t-il. Mais Fanfan lui fait une grimace et ne veut pas faire demi-tour.
L'instituteur Wang survient sur ces entrefaites. Apprenant que Fanfan ne voulait pas balayer la classe, il lui dit en lui donnant une tape sur l'épaule : " Vas terminer le balayage. Bien sûr une bonne élève dot avoir de bonnes notes en classe, mais elle doit être aussi habile en travail manuel et avoir une conduite irréprochable.
Rouge de honte et de dépit, Fanfan est obligée de revenir avec Kinkin dans la classe pour finir le nettoyage. Puis elle rentre chez elle.
Après le déjeuner, la maman de Fanfan sort pour faire des commissions " - endant mon absence, lui dit-elle, tu couperas un peu de bois et tu le mettras sous le hangar." Fanfan fait la moue. Ces travaux ne sont pas pour lui laire.
Sa maman partie, Fanfan munie d'une hachette, va dans la cour. Elle promène tour à tour ses yeux sur sa hache et sur les bûches entassées devant elle. " Comme ce serait bien, soupire t-elle, si la hache pouvait couper elle-même le bois."
Tout à coup, une petite abeille vient bourdonner à son oreille : " - Fanfan, j'ai entendu ta réflexion... Suis-moi, je t'aiderai."
Le sourire aux lèvres, Fanfan suit l'abeille qui la mène dans un magnifique jardin.
Des arbres, des fleurs, un petit pavillon doré s'offrent aux regards. Fanfan est éblouie par la beauté des lieux. L'abeille se métamorphose en une jolie petite fille qui lui dit en souriant : "- Je m'appelle Demoiselle abeille, allons jouer dans le jardin."
Demoiselle abeille fait un signe de la main et, à la stupefaction de Fanfan, un roupe de jeunes filles aux costumes multicolores, sort aussitôt du pavillon.
Les jeunes filles se mettent à chanter et à danser autour de Fanfan et de Demoiselle abeille.
Un peu intimidée au début, Fanfan finit par prendre part aux jeux avec entrain.
Mais Fanfan se souvient tout à coup du bois à couper. Elle n'a plus le coeur à jouer. La voyant si chagrine, les jeunes filles s'empressent autour d'elle pour la consoler.
Demoiselle abeille leur apprend que Fanfan souhiaterait n'avoir jamais à faire de travaux physiques. Aussitôt, les chants et la gaieté s'évanouissent. On regarde Fanfan avec étonnement.
Une jeune demoiselle à robe blanche dit : " - Fanfan est une paresseuse! Puisqu'elle n'aime pas le travail, eh bien ! Désormais elle n'aura plus le droit de travailler : tout se fera sans elle." L'auditoire applaudit à cette décision.
Fanfan aurait voulu dire quelque chose, mais un éclair luit et les jeunes filles redevenues abeilles, s'envolent en bourdonnant. Chose étrange! Fanfan se trouve toujours dans la cour, comme si elle n'avait jamais bougé.
Le rêve était beau, mais maintenant, il faut se mettre à la besogne. Fanfan pousse un soupir. A peine a t-elle touché la hache que celle-ci se dresse d'elle-même et sautille, telle une grenouille, vers le tas de bûches.*
Bizarre! Voyant venir la hache, les bûches se mettent debout pour être coupées en morceaux. Fanfan n'en croit pas ses yeux, mais c'est bel et bien vrai. Fanfan est aux anges!
En un tournemain, les bûchettes sont prêtes. En chantonnant, Fanfan se dispose à les porter sous le hangar, mais les bûchettes se mettent en rang et vont s'entasser d'elles-mêmes.
Le soir, dans sa chambre, Fanfan veut se mettre au lit. Aussitôt, ses habits se déboutonnent tout seuls et viennent se poser sur la chaise.
Fanfan se couche. La couverture se déplace aussitôt sur elle. Fanfan goûta un sommeil délicieux. Ele avait vécu cette journée sans rien faire de ses dix doigts, sans fournir aucun effort.
Le lendemain matin, sa veste, ses bas, ses souliers prennent d'eux-mêmes, sur elle, leur place habituelle.
Puis, le peigne vient la peigner. L'eau se verse dans la cuvette et la serviette la lave, tandis que la brosse nettoie son pantalon.
Maman est sortie pour les commissions. A la cuisine, Fanfan s'apprête à allumer le feu pour préparer le petit déjeuner. Chaque matin, c'est une corvée pour elle... Ce jour-là le feu s'allume tout seul et les bûchettes sautillent dans l'âtre.
Maman n'étant pas encore rentrée, Fanfan qui pense aller jouer, veut se dépêcher de manger.Le riz bouillit, les légumes , se précipitent tellement vite dans sa bouche qu'elle ne peut plus avaler.
Fanfan n'aimait pas manger du riz bouillit chaud ni des navets salés. Et justement, aujourd'hui, le riz est très chaud et lui brûle la langue, tandis que les navets salés arrivent sans cesse à sa bouche.
Fanfan qui n'a plus d'appétit, quitte la table. Mais les navets salés ne se le tiennent pas pour dit. Ils la poursuivent dans toute la maison.
Heureusement, Fanfan court plus vite que le plat de navets et se réfugie dans le salon. A bout de souffle, elle se jette dans un fauteuil à bascule.
Aussitôt, à sa grande joie, le fauteuil se met à se balancer. Mais il ocille de plus en plus fort et la pauvre petit à bientôt le vertige, tant et si bien qu'elle tombe et roule sur le plancher.
Fanfan, le coeur gros de ce que le fauteuil ne lui obéisse pas, se relève avec peine et n'y pouvant rien, elle s'en va mécontente.
Il n'y a personne sur le terrain de sport. Fanfan a une balle pour jouer avec ses camarades. Mais la balle s'échappe vite de ses mains en rebondissant.
Fanfan court après la balle qui n'en roule que plus vite, et ralentit aussitôt que Fanfan s'arrête. La petite fille finit par être en nage sans arriver à saisir la balle.
"Tant pis se dit-elle, j'abandonne, je la laisse. Je préfère me balancer sur l'escarpolette ; elle est bien accrochée et ne se sauvera pas comme la balle."
A peine monte t-elle l'escarpolette que celle-ci se met d'elle-même en mouvement.
L'escarpolette va de plus en plus vite. Fanfan, pleine d'effroi, crieéperdument : " Arrête! Arrête! Arrête! Je ne veux plus me balancer"
Cependant, la balançoire ne l'écoute pas. Etourdie, Fanfan lâche prise et se voit projetée en l'air.
Fanfan tombe dans la mare et en ressort couverte de fange, grise de boue, comme une poupée de terre.
Fanfan s'assied sous un pêcher, la tête entre les mains. Elle murmure avec regret : "Ah ciel! Que ne puis-je maintenant... Tout faire par moi-même!"
A ces mots, aparait Demoiselle abeille qui lui dit avec gentillesse : "Fanfan, te voilà repentie! Eh bien, à présent, applique-toi de ton mieux à tous les travaux!"
Et demoiselle abeille disparait comme elle est venue. Fanfan ôte ses habits couverts de boue, va les laver au bord de la rivière, puis les fait sêcher au soleil.
Avant midi, ses habits secs et bien propres, Fanfan prend allègrement le chemin du retour.
Chez elle, voyant sa maman fort affairée, Fanfan l'aide à laver les légumes. Sa mère est très surprise de son empressement. Alors Fanfan lui explque en souriant : "Maman, c'est parce que je ne veux plus jamais être paresseuse."