YO LE PETIT TIBETAIN

"YO LE PETIT TIBETAIN" / Chevallier, Micheline Hatier, 1962

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Son père était potier, c'est pourquoi il faisait des pots.

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Sa maman les parait de belles couleurs. C'est pourquoi ils étaient si beaux.

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Tous les premiers vendredis du mois, les marchands du village chargeaient leurs yacks de tout ce qu'ils voulaient vendre à la ville, et la caravane joyeuse partait pour le marché.

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Tous les premiers vendredis du mois Yo et son père partaient eux aussi vers la ville, mais sans yack pour porter leurs pots, ils avaient beau allonger le pas, ils étaient toujours loin derrière.

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Quand, bien fatigués, ils arrivaient enfin au marché...

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En riant, les marchands disaient : il est temps de rentrer chez nous. Yo et son père arrivent.

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C'est tout juste, si avant que les gens de la ville rentrent chez eux, Yo et son père parvenaient à vendre une poterie. Quelques fois deux, quelques fois trois, jamais plus.

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Quand il n'y avait plus personne dans les rues, ils prenaient le chemin du retour et la nuit tombée Yo et son père étaient toujours dans la montagne.

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Quand, trop fatigués, ils s'asseyaient : "Tu vois, mon fils, disait le père, sans un yack pour porter nos pots, nous serons toujours les derniers". "Eh oui, songeait Yo, sans yack, pas d'argent et, sans argent, pas de yack".

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Lorsqu'ils arrivaient enfin, en vue de leur village, la petite lumière qui toute seule scintillait au creux de la nuit les réconfortait.

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Yo et son père savaient qu'ils étaient attendus, que le riz bien chaud mijotait, que le thé fumant était dans la théière. Enfin chez eux, bien au chaud, ils racontaient leur journée. "Cela ne fait rien, disait maman Yo, j'ai un bon mari et un bien gentil fils".

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Tous les premiers vendredis du mois, c'était toujours la même chose. Maman Yo ne disait jamais rien d'autre. Mais quand toute la maisonnée était endormie, Yo songeait "sans yack, pas d'argent, sans argent, pas de yack". Et cela tournait, tournait dans sa tête...

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Il en était ainsi, quand un jour où Yo s'étant éloigné du village pour ramasser du bois au bord de la rivière : portée par le vent, il entendit la grosse voix désespérée d'un yack.

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Vite, aussi vite que ses jambes le pouvaient, il courut, et là, ce qu'il vit fit battre son coeur. Un yack, le plus beau, le plus fort qu'il ait vu à ce jour, les pattes prises par le sable de la rivière, s'éfforçait de se libérer.

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Vite il courut chercher la corde qui liait son fagot. Aussi vite il revint et attachant le yack par les cornes, de toutes ses forces, il tira, tira... tira si fort, tant et si bien que le yack sortit de la rivière...

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Et au grand galop s'enfuit. Yo en aurait pleuré.

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Mais, comme c'était un petit garçon courageux, il ramassa son bois, rentra chez lui et ne dit rien.

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Le lendemain c'était dimanche. Il revint au bord de la rivière et n'en crut pas ses yeux ; trottinant, le grand yack vint tout près de lui.

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Le jour suivant, il lui apporta des herbes tendres, le mardi, le mercredi aussi.

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Le jeudi, tous deux étaient amis et ce furent papa et mamanYo qui n'en crurent pas leurs yeux.

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Quant aux marchands, le vendredi, ils crurent rêver.

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"Bonne route" leur dit Yo.

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Désormais, ils furent toujours les premiers au marché. Toujours les premiers de retour au village. Tous les premiers vendredis du mois il en fut ainsi et ce jour-là comme tous les autres jours, ils furent heureux.

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