MAJ, Emilie
Confinement, déconfinement... Nous continuons nos échanges avec les éditeurs et auteurs. Nous allons dans le "Grand Nord" parisien, à la rencontre de l'éditrice des éditions BOREALIA.
Les éditions Borélia, c'est depuis quelques mois, aussi, une librairie-boutique à Paris. Si elle reste ouverte et réaménagée pendant la période de confinement, c'est, en temps normal, un petit cocon pour livres et spécialités du Grand Nord, mais où l'on peut aussi régulièrement y rencontrer, échanger avec des auteurs ou participer à des ateliers.
Pour vous rendre à la boutique BOREALA, découvrir leur catalogues et activités, rendez-vous sur leur site en cliquant ici!
Rencontre avec Emilie MAJ, éditrice
Ethnologue spécialiste de la culture des éleveurs de chevaux yakoutes en Sibérie extrême-orientale, Emilie Maj est aussi passionnée de musique et de films. Elle se rend régulièrement en République Sakha (Yakoutie), où elle trouve des bijoux de littérature, aussi bien pour les petits que pour les grands (prés. éditeur)
- Tout d’abord, comment allez-vous ?
Je vais bien. L’épreuve d’un nouveau confinement est un nouveau challenge à affronter, pour lequel je sens qu’il est fondamental de ne pas rester seul(e). Plus encore qu’avant, je me rends compte que j’ai besoin des autres, que l’énergie circule : si on en reçoit, on peut en rendre autour de nous ; si on ne fait qu’en donner, on peut s’épuiser rapidement. Si je vais bien, c’est avant tout parce que j’ai la chance d’être entourée.
- Vous avez ouvert il y a peu votre librairie-édition : avez-vous pu rouvrir ?
J’ai rouvert la librairie Borealia au public dès la fin du premier confinement. Et j’ai bien l’intention de la rouvrir dès que possible, au-delà du « clique et collecte » qui fonctionne en ce moment-même, avec de belles propositions pour les fêtes de fin d’année. En ce qui concerne la maison d’édition, elle ne s’est jamais vraiment arrêtée de fonctionner car je n’ai jamais cessé de travailler.
- Votre maison d’édition est-elle fragilisée par cette période ?
Je pense que Borealia n’est pas la seule maison d’édition à souffrir de ces confinements à répétition. Plus une entreprise ses développe, plus elle se fragilise en période difficile. Le livre est peut-être une nourriture spirituelle, celle-ci est moins indispensable que les denrées de première nécessité. Par ailleurs, Borealia était une toute petite maison jusqu’à novembre 2019. À cette date, elle a soudain franchi un cap en ouvrant une boutique, qui fait aussi office de bureau et offre une belle vitrine à la maison et doit permettre un nouveau rayonnement. Bien sûr, ces nouvelles charges fixes représentent pour Borealia en cette année compliquée un poids financier important. Cette année sera donc une année blanche : les recettes payent l’achat des produits et le loyer, mais ne permettront pas d’investir dans de nouveaux projets éditoriaux pour la maison d’édition. Il n’en demeure pas moins que Borealia possède à présent son lieu et que j’y reçois souvent des gens qui viennent spécialement de province, qui viennent parce que le lieu est une librairie un peu spéciale.
- Comment avez-vous travaillé pendant le confinement ?
Les deux confinements que nous avons vécus en 2020 ont été bien différents. Premièrement parce que je suis mère d’une petite de six ans, qui était encore à la maternelle durant le premier confinement. Je n’ai réussi à faire que ma comptabilité et lancer à l’impression Radio-Nord, un ouvrage qui attendait depuis que j’avais commencé les travaux à la boutique durant l’été 2019. Le reste du temps, je l’ai passé dehors à faire de la trottinette et à motiver ma petite à faire un peu école à la maison… (rire). Le confinement de l’automne est un peu plus facile en revanche, car l’école continue, ce qui permet de travailler normalement en journée, et le « clique et collecte » permet quand même de rencontrer un peu les lecteurs. En ce moment-même, je prépare la fin d’année, je commande encore des ouvrages, et je prépare des boxes Borealia pour mettre en avant les livres du catalogue et faire découvrir la littérature de Mongolie et de Yakoutie avec de beaux coffrets de Noël.
- Ce confinement va t-il changer vos projets, votre travail ?
Je ne pense pas. Borealia est une maison qui avance doucement, mais sûrement, tel un tank dans les tourbières de la toundra sibérienne. L’important n’est pas le nombre de kilomètres parcourus, mais d’avancer et de faire que chaque pas, chaque livre, chaque projet, ait la longue vie qu’il mérite. Les livres de Borealia ne se travaillent pas comme ceux des grands éditeurs. Il n’y a que la durée qu’un ouvrage peut prouver sa valeur. Par contre, Borealia se développant toujours de manière positive depuis sa création, j’envisage de déléguer davantage les tâches, afin d’accroître le nombre de livres publiés par an.
- Vos prochains événements ?
Etant donné qu’on ignore encore totalement quand il sera possible d’accueillir du public dans des conditions agréables, je recommencerai à organiser des soirées littéraires à la boutique dès que possible. Puis, je pense que le prochain événement d’envergure pour Borealia sera l’anniversaire des dix ans de la maison d’éditions, pour lesquels je pense organiser un rendez-vous culturel somptueux à l’automne 2021, en croisant les orientations littéraires, cinématographiques et musicales de la maison et en faisant honneur à toutes les personnes qui apporté leurs compétences et leur dynamisme à Borealia depuis sa fondation.